Réactions internationales à l'affaire Khashoggi

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Reactions internationales a l'affaire khashoggi[reuters.com]
(Crédits : Murad Sezer)

DUBAI (Reuters) - Après deux semaines de dénégation, l'Arabie saoudite a reconnu dans la nuit de vendredi à samedi la mort de Jamal Khashoggi le 2 octobre au consulat saoudien d'Istanbul, niant cependant toute implication directe du royaume.

Selon la version de Ryad, le journaliste et opposant saoudien est mort à la suite d'une bagarre qui a mal tourné avec des personnes qui l'ont rencontré dans la mission diplomatique.

Voici les principales réactions internationales à ce nouveau rebondissement dans une affaire qui a de vastes répercussions à travers le monde.

DONALD TRUMP a jugé crédible l'explication donnée par Ryad sur la mort du journaliste, qui vivait depuis un an aux Etats-UInis et collaborait régulièrement avec le Washington Post.

Le président américain a parlé d'un "bon premier pas", tout en jugeant que les faits étaient inacceptables.

Donald Trump, qui doit faire face à la pression de nombreux élus du Congrès, républicains ou démocrates, réclamant des mesures sévères contre l'Arabie saoudite, a toutefois répété que d'éventuelles sanctions contre Ryad nuiraient aux milliards de dollars de contrats d'armement entre les deux pays.

Plusieurs parlementaires se sont dits peu convaincus par les explications données par Ryad.

"Dire que je suis sceptique face à la nouvelle version saoudienne est un euphémisme", a déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham.

ANGELA MERKEL a condamné avec force la mort du journaliste et jugé insuffisantes les informations sur les circonstances de son décès données par les autorités saoudiennes.

"Nous condamnons cet acte avec toute notre force", a déclaré la chancelière allemande dans un communiqué co-signé avec son ministre des Affaires étrangères Heiko Maas. "Nous attendons de la transparence de la part de l'Arabie saoudite sur les circonstances de son décès (...). Les informations disponibles sur les événements au consulat d'Istanbul sont insuffisantes."

Angela Merkel fait part de sa "profonde sympathie" à la famille de la victime et estime que les responsables de sa mort devront rendre des comptes.

La GRANDE-BRETAGNE a dit examiner "les informations saoudiennes et la suite à y donner". "Comme l'a dit le secrétaire au Foreign Office, cela a été un acte terrible et les responsables doivent rendre des comptes", a dit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Aux PAYS-BAS, le Premier ministre Mark Rutte a réclamé des investigations supplémentaires.

"L'incertitude demeure sur un grand nombre de choses. Que s'est-il passé? Comment est-il mort? Qui est responsable? Je souhaite que tous les faits pertinents soient clarifiés le plus tôt possible", a déclaré Mark Rutte à des journalistes à Copenhague. "Une enquête approfondie est nécessaire".

L'AUSTRALIE a annoncé qu'elle se retirait de la conférence internationale sur l'investissement programmée du 23 au 25 octobre à Ryad "à la lumière de cette nouvelle information".

Le secrétaire général des NATIONS UNIES, Antonio Guterres, s'est dit "profondément troublé" et a appelé à une enquête "approfondie et transparente", demande soutenue par le gouvernement ESPAGNOL qui s'est dit "consterné" par les informations fournies par Ryad.

AMNESTY INTERNATIONAL a jugé dans un communiqué que la version de l'Arabie saoudite n'était pas "digne de confiance" et représentait un nouveau "point bas" dans le bilan du pays en matière de droits de l'homme.

L'organisation demande que les autorités saoudiennes remettent le corps de Khashoggi afin qu'il soit procédé à une autopsie et que l'Onu mène une enquête indépendante, "seule garantie contre ce qui apparaît de plus en plus comme une tentative saoudienne d'étouffer les circonstances du meurtre de Khashoggi et contre les efforts des autres pays pour balayer cette affaire sous le tapis afin de préserver de lucratifs contrats d'armement et d'autres liens d'affaires avec Ryad".

"Cet effroyable assassinat à l'intérieur d'un consulat s'apparente à une exécution extrajudiciaire", conclut Amnesty.

L'organisation REPORTERS SANS FRONTIÈRES appelle au boycott de la conférence économique de Ryad et au gel des affaires commerciales avec l'Arabie saoudite.

"La nouvelle version officielle a manifestement pour objectif de camoufler l'essentiel, à savoir qu'un crime odieux a été perpétré contre un journaliste sur ordre d'un commanditaire d'Etat", a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, dans un communiqué.

"Tout relâchement de la pression et toute politique de compromis reviendrait à accorder un 'permis de tuer' aux régimes despotiques, à commencer par celui de Ryad."

Les EMIRATS ARABES UNIS se sont félicités des "directives et décisions du roi Salman d'Arabie" dans cette affaire.

BAHREIN a également salué les décisions du monarque.

"L'Arabie saoudite restera un Etat de justice, de valeurs et de principes", ont déclaré les autorités bahreinies dans un communiqué cité par la chaîne saoudienne Al Arabiya.

Le gouvernement du YÉMEN, soutenu par l'Arabie saoudite contre la rébellion houthie, s'est rangé sur ces mêmes positions.

L'EGYPTE a salué les actions "courageuses" et "déterminantes" du roi Salman, "conformes à l'approche de sa Majesté qui respecte les principes du droit et l'application d'une justice efficace", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le Caire a présenté ses condoléances à la famille du journaliste et se dit persuadé que l'enquête permettra de révéler la vérité.

(Bureaux de Reuters; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)