Brexit : May tente de calmer les esprits, accord presque fait, dit-elle

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Londres pourrait avoir besoin d'une periode de transition prolongee, dit may[reuters.com]
(Crédits : Henry Nicholls)

par Kylie MacLellan et William James

LONDRES (Reuters) - Theresa May a appelé lundi les députés à la soutenir dans la dernière ligne droite menant à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, soulignant que les pourparlers étaient dans leur phase la plus difficile, bien qu'un accord soit proche.

A cinq mois à peine de la date fixée pour le Brexit, le 29 mars à 23h00 GMT, la Première ministre britannique s'est ainsi attachée à calmer les passions dans une Chambre des communes chauffée à blanc où sa stratégie de négociation ulcère les eurosceptiques autant que les europhiles.

"Servir nos intérêts nationaux exigera de garder notre sans-froid lors de ces dernières étapes de la négociation, la partie la plus difficile de toutes", a déclaré Theresa May au Parlement.

Les marchés financiers pour leur part n'excluent pas le renversement de la Première ministre par les frondeurs du Parti conservateur. La livre sterling est passée sous le seuil de 1,30 dollar, son plus bas niveau depuis le 4 octobre.

Sur la question de la frontière irlandaise, vitale pour la suite, Theresa May n'a pu que constater l'impasse. Or, pour que l'accord soit signé, cette question doit être aussi réglée.

La chef du gouvernement a encore une fois lundi rejeté la position de l'UE, qualifiée d'inacceptable et elle a exposé deux options, au choix de la Grande-Bretagne : une prolongation de la période de transition "dans certaines circonstances" ou un espace douanier temporaire entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

Theresa May a déclaré que l'UE avait considérablement modifié cette dernière option. Selon des sources de l'UE, les négociateurs cherchent le moyen de promettre à la Grande-Bretagne un accord douanier susceptible de permettre une sortie de l'impasse.

Soulignant l'ampleur des progrès accomplis depuis le début des négociations avec Bruxelles, Theresa May a noté ainsi que dans les trois dernières semaines, un terrain d'entente avait été trouvé sur Gibraltar, territoire britannique à l'extrémité de l'Espagne, ou bien encore sur les relations futures en matière de sécurité.

"En prenant tout cela dans son ensemble, 95% de l'accord de retrait et de ses protocoles sont désormais réglés", a-t-elle déclaré.

TENSIONS

Il reste néanmoins à régler la question de la frontière irlandaise.

Les Européens veulent insérer une clause de sauvegarde dite "backstop", ou filet de sécurité, dans l'accord de Brexit pour éviter le rétablissement d'une frontière physique sur l'île d'Irlande, entre la république d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.

L'objectif, partagé par Londres, est de préserver les acquis des accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trente ans de violences confessionnelles en Irlande du Nord. La solution du "backstop" ne s'appliquerait, comme une garantie, que si Londres et Bruxelles ne parvenaient pas à s'accorder sur une meilleure solution lorsqu'il s'agira de négocier leurs relations futures.

La proposition de l'UE visant à ce que l'Irlande du Nord reste dans l'union douanière du bloc a été rejetée par Theresa May, car elle risquerait de créer des entraves aux échanges avec le reste de la Grande-Bretagne - ce qui a été rejeté par le parti DUP d'Irlande du Nord, dont les 10 voix au Parlement soutiennent le gouvernement May.

Depuis le Conseil européen de la semaine dernière, sa proposition de prolonger la période de transition afin de sortir de l'impasse sur la question irlandaise a provoqué des tensions au sein de son Parti conservateur, tant auprès des pro- que des anti-UE.

Les conservateurs eurosceptiques craignent que Theresa May ne mène la Grande-Bretagne à un accord qui fera de la Grande-Bretagne un "État vassal" indéfiniment, incapable à jamais de quitter l'Union européenne ni de conclure ses propres accords de libre-échange avec d'autres pays.

La presse dominicale a par ailleurs relayé les propos parfois menaçants de ses détracteurs sur la scène politique britannique, plusieurs de ses rivaux estimant, symboliquement et sous couvert d'anonymat, qu'il y a de "l'assassinat dans l'air".

Pour provoquer un vote de confiance sur leur Première ministre, ses adversaires conservateurs doivent rallier 48 parlementaires tories. Selon le Sunday Times, 46 ont déjà sauté le pas.

(Avec Elizabeth Piper; Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)