Le conseil d'Ingenico réévalue la stratégie et la gouvernance

reuters.com  |   |  477  mots

par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - Ingenico, devenu une cible après des performances décevantes, a annoncé mardi que son conseil d'administration avait confié à un comité d'administrateurs indépendants le soin de réexaminer sa stratégie et de se pencher sur l'évolution de sa gouvernance.

Le spécialiste du paiement précise également dans un communiqué publié à l'occasion de son chiffre d'affaires trimestriel qu'il abaisse nettement son objectif d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pour 2018 à 510 millions d'euros au lieu d'au moins 545 millions attendu précédemment et un objectif initial de 545-570 millions fixé en février.

Le groupe explique cette révision d'objectif par une performance "décevante" de son pôle Banks & Acquirers pour lequel il annonce le lancement d'un plan d'"optimisation de la performance".

Au troisième trimestre, ce pôle a pâti d'un recul de 17% dans la région Europe-Moyen Orient-Afrique en données organiques à cause d'un excès de stocks de terminaux et d'une baisse de 6% en Amérique du Nord, donnant une croissance de 4% contre 12% pour le pôle Retail et de 8% pour l'ensemble du groupe.

INTÉRÊT AFFICHÉ PAR NATIXIS, PRÊTÉ À EDENRED

Ingenico, qui a été approché par la banque Natixis et susciterait aussi l'intérêt d'Edenred, connu pour ses tickets restaurant, confirme aussi qu'il continue à mener une revue de ses options stratégiques de ses deux divisions et du groupe lui-même, afin d'améliorer son profil de création de valeur.

En réaction à la marque d'intérêt de Natixis, Ingenico avait dit le 11 octobre avoir initié une revue de ses options stratégiques et des mérites respectifs des approches préliminaires dont il reconnaissait avoir fait l'objet en vue d'une "opération stratégique".

A 61 ans, Philippe Lazare est à la tête d'Ingenico depuis 2007 et son mandat arrive à échéance à l'issue de l'assemblée générale annuelle qui aura lieu en 2019.

Après avoir ouvert en baisse, l'action Ingenico gagnait 0,4613% à 65,34 euros à 11h00.

"Le marché a d'abord pris peur à cause de la mention d'un 'profit warning', mais a ensuite réalisé que cet abaissement d'objectif d'Ebitda était largement attendu et qu'il y a toujours des rumeurs sur une offre potentielle qui pourrait intervenir n'importe quand", résume un trader parisien.

Pour autant, cet avertissement sur son Ebitda est une "très mauvaise nouvelle" dans le cadre d'un rachat potentiel puisque les acquisitions sont souvent évaluées en fonction de l'Ebitda, souligne Grégoire Laverne, gérant chez Roche-Brune Asset Management.

"Pour l'acquéreur, il peut ainsi calculer le nombre d'années nécessaire pour rentabiliser son investissement", dit-il.

"Or, si ce multiple baisse, le retour sur investissement sera plus long mécaniquement et il faudra abaisser le prix de l'acquisition pour revenir à une durée équivalente".

(Avec Sudip Kar-Gupta et Alan Charlish, édité par Jean-Michel Bélot)