Brexit : Les députés tories manifestent leur soutien à Theresa May

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Londres anticipe une periode de transition de plusieurs annees[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

par William James, Kylie MacLellan et Elizabeth Piper

LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a reçu mercredi en début de soirée le soutien des députés de son Parti conservateur, devant lesquels elle avait demandé à pouvoir s'exprimer sur fond de tensions sur les conditions du Brexit.

Un peu plus tôt dans la journée, plusieurs de ses ministres de haut rang, de même que des élus nord-irlandais du Parti unioniste démocratique (DUP), dont dépend sa majorité à la Chambre des communes, s'étaient rendus au 10, Downing Street.

Dominic Raab, chargé du Brexit, Michael Gove, un des principaux partisans du Brexit qui dirige le ministère de l'Environnement, et Sajid Javid, le secrétaire au Home Office(ministre de l'Intérieur), ont notamment été vus à leur arrivée au siège de la primature.

Un porte-parole de Downing Street a minimisé l'importance de cette réunion, faisant observer que Theresa May rencontrait tout le temps ses ministres.

La Première ministre s'est ensuite rendue devant le "comité 1922", le groupe parlementaire des élus conservateurs aux Communes (où ne siègent que les députés de l'arrière-ban, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas ministres ou n'occupent pas de fonctions protocolaires particulières au sein du Parlement).

La réunion s'est tenue à huis clos, mais des applaudissements ont été entendus à l'extérieur de la salle quand Theresa May est arrivée.

"ELLE A BRILLAMMENT RÉUNI LE PARTI... DU MOINS POUR CE SOIR"

D'après la députée Amber Rudd, ex-ministre de l'Intérieur, la cheffe du gouvernement britannique a évoqué avec émotion ce qu'elle faisait pour le Royaume-Uni.

"Les participants lui ont parlé très librement de leurs inquiétudes mais nombre d'entre eux sont revenus au fait qu'ils souhaitaient vraiment qu'elle comprenne qu'ils la soutiennent pour ce qu'elle fait pour le pays et pour le gouvernement", a ajouté Rudd.

Un autre député, pro-Brexit, a confié qu'elle avait "brillamment réuni le parti... du moins pour ce soir".

Ces derniers jours, de multiples fuites évoquaient une atmosphère de très forte tension au sein du Parti conservateur sur la stratégie poursuivie par May en vue de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, programmée le 29 mars prochain à 23h00 GMT.

La presse britannique a relayé ce week-end les propos parfois menaçants de ses détracteurs, plusieurs de ses rivaux estimant, symboliquement et sous couvert d'anonymat, qu'il y avait de "l'assassinat dans l'air".

Pour provoquer un vote de confiance sur leur Première ministre, ses adversaires conservateurs doivent rallier 48 parlementaires tories censés se manifester par une lettre adressée au président du comité 1922. La comptabilisation est tenue secrète. Mais selon le Sunday Times, 46 ont déjà sauté le pas.

"PREMIER CERCLE DE L'ENFER"

Depuis l'échec du sommet européen de la semaine dernière, Theresa May a suscité l'incompréhension des Brexiters les plus convaincus de son parti, mais aussi des europhiles, en évoquant la possibilité de prolonger la période de transition.

Cette phase, censée amortir les effets de la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, doit débuter au lendemain du Brexit à condition qu'un accord de retrait soit trouvé entre Londres et Bruxelles. Les règles et obligations européennes continueront de s'appliquer à l'ensemble de la Grande-Bretagne pendant cette période, qui doit prendre fin en décembre 2020.

Les révélations du Times, démenties par Downing Street, n'ont rien fait pour apaiser les esprits.

Citant des documents rédigés par Oliver Robbins, le principal conseiller de Theresa May sur le Brexit, le quotidien britannique écrivait dans la nuit de mardi à mercredi que le projet du gouvernement britannique "pourrait en théorie mener à une longue (période de transition)" de plusieurs années, sur une base "évolutive", avec un "point annuel" qui permettrait de décider d'une extension ou non de cette période de transition.

Toujours selon le Times, Geoffrey Cox, le Procureur général du Royaume-Uni, principal conseiller juridique de la Couronne, a comparé ce projet au "premier cercle de l'enfer" de Dante.

Les services de Theresa May ont affirmé que les révélations du Times n'étaient "rien de plus qu'une réflexion partielle fournie à des ministres et non pas une décision".

Nombre d'élus conservateurs, et c'est un élément d'apaisement dans le tumulte intérieur, s'inquiètent des effets potentiellement dévastateurs d'une mise en minorité et d'un renversement de Theresa May au moment où le Royaume-Uni traverse la période politique et économique la plus compliquée de son histoire depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Ils redoutent aussi qu'un retour anticipé aux urnes ne ramène au pouvoir le Parti travailliste.

(Jean Terzian et Henri-Pierre André pour le service français)