Affaire Khashoggi : Trump évoque un "fiasco" de l'Arabie saoudite

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Affaire khashoggi: trump evoque un fiasco de l'arabie saoudite[reuters.com]
(Crédits : Leah Millis)

WASHINGTON (Reuters) - Le président américain Donald Trump a estimé mardi soir que l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et les tentatives pour dissimuler cet assassinat constituaient un "fiasco total" de la part de l'Arabie saoudite.

Plus tôt dans la journée, à l'issue d'un conseil des ministres en présence du roi Salman, le gouvernement saoudien s'est engagé à demander des comptes aux responsables du meurtre et à ceux qui ont manqué à leur devoir, "quels qu'ils soient".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que l'assassinat de Jamal Khashoggi, qui s'était exilé aux Etats-Unis et était devenu très critique envers le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman - surnommé "MBS"-, avait été soigneusement planifié.

Erdogan a rejeté les explications de Ryad (une altercation qui aurait mal tourné au consulat saoudien d'Istanbul) et mis en cause sans le nommer "MBS", tout en semblant dédouaner son père, le roi Salman, dont il a dit ne pas douter de la sincérité.

"Il n'y aurait jamais dû y avoir d'exécution ou de dissimulation, cela n'aurait jamais dû arriver", a dit Donald Trump aux journalistes, qualifiant l'affaire de "fiasco total" de la part de l'Arabie saoudite.

Il a précisé s'être entretenu lundi avec le prince héritier Mohamed ben Salman qui a nié toute implication dans l'assassinat du journaliste et dissident saoudien.

Dans un précédent commentaire effectué un peu plus tôt depuis la Maison blanche, Trump a admis que la tentative de dissimulation du meurtre était "la pire qu'on ait jamais vue".

"MEURTRE BARBARE"

Le président des Etats-Unis, dont le gendre Jared Kushner est réputé très proche de "MBS", a donné à plusieurs reprises depuis le début de cette affaire le sentiment de minimiser la responsabilité de l'Arabie saoudite, dont il a dit ne pas vouloir compromettre les investissements aux Etats-Unis et les achats d'armes américaines.

Mais il est sous la pression du Congrès dont plusieurs figures de proue ont vivement critiqué l'attitude de Ryad, allant pour certains jusqu'à réclamer la tête du prince héritier, qualifié d'"engin de démolition" par le sénateur républicain Lindsey Graham.

Le secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, a précisé que plusieurs responsables saoudiens impliqués dans la disparition de Jamal Khashoggi avaient été identifiés et seraient sanctionnés.

"Ces sanctions ne seront pas la seule réponse des Etats-Unis dans cette affaire", a ajouté le chef de la diplomatie. "Les Etats-Unis ne tolèrent pas ce genre d'agissements brutaux pour faire taire Mr. Khashoggi, un journaliste, en recourant à la violence."

Les visas d'entrée sur le territoire américain de 21 ressortissants saoudiens ont été révoqués, a annoncé le département d'Etat.

Mike Pence s'est aussi montré cinglant mardi lors d'un évènement organisé par le Washington Post: "Nous allons faire toute la lumière sur cette affaire. Ce meurtre brutal, d'un journaliste, d'un innocent, d'un dissident ne restera pas sans réponse américaine et, j'espère, sans réponse internationale", a-t-il dit.

Le vice-président américain a ajouté que Donald Trump déciderait s'il y a lieu ou non d'imposer des sanctions économiques à l'Arabie saoudite une fois que toutes les informations sur ce "meurtre barbare" seraient connues.

Donald Trump a déclaré par la suite qu'il appartiendrait au Congrès de décider d'éventuelles sanctions contre les dirigeants saoudiens et assuré que toute initiative de la Maison blanche en ce sens serait prise en concertation avec les parlementaires.

(Jeff Mason, avec Jonathan Landay et Susan Heavey, Gulsen Solaker à Istanbul; Tangi Salaün et Jean Terzian pour le service français)