Philippines : Condamnée pour corruption, Imelda Marcos va faire appel

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(Crédits : Romeo Ranoco)

MANILLE (Reuters) - L'ancienne première dame des Philippines Imelda Marcos a été condamnée vendredi pour des faits de corruption commis pendant les deux décennies où son mari, l'ancien dictateur Ferdinand Marcos, a été au pouvoir.

Le tribunal anti-corruption des Philippines (Sandiganbayan) l'a condamnée à des peines allant de six à onze ans de prison pour chacun des sept chefs d'inculpations retenus contre elle, dont sept virements d'un montant total de 200 millions de dollars à des fondations suisses à l'époque où elle était gouverneure de la capitale, Manille.

Elle a annoncé dans un communiqué que son avocat lui avait conseillé de faire appel de cette condamnation. L'appel est suspensif.

Imelda Marcos, qui est âgée de 89 ans, est notamment connue pour ses extravagantes collections de chaussures de luxe et de bijoux amassées avant que son mari ne soit renversé par l'armée et la rue en 1986.

Elle est la cible de dizaines d'enquête pour corruption, ce qui ne l'a pas empêchée d'être élue au Parlement pour trois mandats consécutifs et de viser désormais la succession de sa fille au poste de gouverneure de la province d'Ilocos Norte, bastion de la famille Marcos. Imee Marcos, 62 ans, briguera un siège de sénatrice en 2019.

Le tribunal a délivré un mandat d'arrêt contre Imelda Marcos, qui n'a pas assisté à l'audience de vendredi, de même que ses avocats.

Mais le procureur spécial adjoint Ryan Quilala a prévenu que le mandat ne serait exécutable qu'une fois que l'ex-première dame aurait épuisé tous les recours à sa disposition : l'appel qu'elle doit formuler sous 15 jours et qui sera examiné dans les 30 jours, mais aussi un éventuel recours devant la Cour suprême et une possible demande de liberté sous caution.

La famille Marcos est proche de l'actuel président philippin, Rodrigo Duterte.

Le chef de l'Etat apparaît régulièrement flanqué d'Imee Marcos lors des cérémonies officielles et a souvent cité en exemple l'ancien dictateur, mort en exil à Honolulu en 1989, dont il a autorisé l'inhumation du corps embaumé dans le "cimetière des héros" à Manille, en 2016.

Le porte-parole de la présidence, Salvador Panelo, a déclaré dans un communiqué que la condamnation d'Imelda Marcos était la preuve que Rodrigo Duterte respecte l'indépendance de la justice et ses décisions.

Ferdinand Marcos a dirigé les Philippines d'une main de fer de 1965 à 1986, plaçant le pays sous loi martiale en 1972. Des milliers de ses opposants ont été arrêtés, tués ou ont disparu pendant cette période.

Il est accusé d'avoir amassé une fortune personnelle de dix milliards de dollars.

(Neil Jerome Morales, avec Manuel Mogato et Karen Lema; Tangi Salaün pour le service français)