Le gouvernement met la dernière main à son plan carburants

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Le gouvernement met la derniere main a son plan carburants[reuters.com]
(Crédits : Eric Gaillard)

par Simon Carraud

PARIS (Reuters) - Le gouvernement dévoilera en début de semaine prochaine son plan de bataille élaboré en urgence pour répondre au mécontentement suscité dans l'opinion par la hausse tendancielle du prix des carburants, a-t-on appris à Matignon.

L'exécutif réfléchit en particulier aux moyens d'étendre et de rendre plus avantageux son "chèque énergie" et la prime à la conversion versée aux automobilistes qui changent de véhicule, deux dispositifs censés rendre du pouvoir d'achat aux Français.

Les ministres et conseillers mis à contribution sont contraints de travailler prestement sur ce sujet, qui a démontré en quelques semaines à quel point il pouvait être inflammable.

Des manifestations, blocages de routes et opérations escargot, dont l'ampleur servira de jauge du niveau de colère, seront organisés le 17 novembre à l'appel d'automobilistes portant un gilet jaune en étendard.

En attendant, les tarifs à la pompe ont dominé l'actualité récente au point d'éclipser en partie les commémorations itinérantes dans l'Est et le Nord d'Emmanuel Macron, plusieurs fois interpellé par des automobilistes échaudés.

Forcé de réagir, le chef de l'Etat a dessiné des pistes dans une interview à Europe 1 retransmise mardi, en laissant à son gouvernement le soin de faire les finitions.

"L'Etat peut faire un effort", a déclaré vendredi le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, sur franceinfo.

PRIME AUX "GROS ROULEURS"

L'ex-président de l'Assemblée nationale a notamment évoqué une extension de la prime à la conversion, dont les critères d'attribution pourraient être assouplis pour en faire bénéficier les "gros rouleurs".

"Ça peut être par exemple des voitures qui ont un fort kilométrage même si elles n'ont pas l'âge que nous avions fixé", a-t-il dit.

Actuellement, cette prime de quelques milliers d'euros est versée aux automobilistes qui envoient à la casse leur véhicule au diesel d'avant 2001 - 2006 pour les ménages non imposables - ou à essence d'avant 1997 au profit d'une voiture moins polluante et moins gourmande en énergie.

En revanche, selon François de Rugy, il n'est pas question d'augmenter le montant des primes, déjà suffisamment attractives selon lui, comme le prouve le succès du dispositif.

Selon le gouvernement, la prime aura permis de changer plus de 250.000 véhicules à la fin de cette année, soit la moitié de l'objectif initial de 500.000 fixé pour le quinquennat.

Selon le député Jean-Baptiste Djebbari, spécialiste des questions de transports à La République en marche (LaRem), l'exécutif a revu ses prévisions en conséquence et parie désormais sur un million de primes d'ici à 2022.

L'Etat négocie parallèlement avec les constructeurs, appelés à participer à l'effort de guerre.

PSA se dit prêt à doubler la prime de l'Etat pour les véhicules neufs et Renault est d'accord pour l'étendre aux voitures d'occasion, a rappelé François de Rugy.

"PLUSIEURS SOLUTIONS TECHNIQUES"

Autre levier : le "chèque énergie", conçu pour aider les ménages à régler leurs factures d'électricité, de gaz, de chaleur, de fioul domestique ou d'autres combustibles de chauffage ainsi que certains travaux de rénovation énergétique.

"Il y a plusieurs solutions techniques : soit (...) on rend le carburant éligible, soit on augmente un petit peu le montant, soit on couvre plus de personnes", a dit Jean-Baptiste Djebbari vendredi sur RMC.

Le montant moyen de ce chèque, qui concerne 3,7 millions de ménages, est de 150 euros et il était prévu, avant le début de la contestation, de le porter à 200 euros l'an prochain, pour une enveloppe totale de 710 millions d'euros.

"On cherche à étendre, peut-être d'1,5 ou de deux millions de Français qui seraient éligibles au chèque énergie", a également précisé Jean-Baptiste Djebbari, sans donner plus de chiffres à ce stade.

Le gouvernement mise par ailleurs sur la baisse récente du prix du baril de pétrole, qui a perdu 20% de sa valeur depuis le dernier pic atteint le 3 octobre.

Cette baisse des cours, qui s'explique par la promesse de pays producteurs d'ouvrir plus grand les vannes, par le ralentissement attendu de la croissance mondiale et par l'exemption de certains pays des sanctions américaines contre l'Iran, pourrait toutefois n'être qu'une parenthèse.

L'exécutif, pour sa part, n'a pas l'intention de revenir sur l'augmentation prévue de longue date de la fiscalité écologique au 1er janvier 2019 - +6,5 centimes par litre de diesel et +2,9 centimes pour l'essence.

(Avec Jean-Baptiste Vey et Myriam Rivet, édité par Sophie Louet)