L'assurance chômage à double niveau voulue par le Medef

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le président du Medef a confirmé mardi qu'il souhaitait mettre en place une assurance chômage à double niveau, l'un géré par l'Etat et l'autre par les partenaires sociaux, une proposition accueillie très fraîchement par les organisations syndicales.

"Demain matin, on est amenés à gérer un régime dont on n'a plus du tout le contrôle des ressources. Je pense qu'il faut en tirer la conclusion que les ressources de l'impôt doivent être affectées à la solidarité et que les ressources assurantielles doivent être affectées à l'assurance", a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux lors d'une rencontre avec les membres de l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).

Le gouvernement a décidé de supprimer les cotisations salariales - qui représentaient près de 28% des ressources de l'Unédic - pour les remplacer par un financement provenant de la contribution sociale généralisée (CSG).

Le président du Medef, qui dit craindre que l'Etat ne baisse les ressources de l'Unédic provenant de l'impôt pour forcer une augmentation des cotisations employeurs, réclame "une clarification des flux financiers" dans le nouveau modèle d'assurance chômage, en ce moment en négociation entre les huit organisations représentatives du privé.

Il souhaite que "la CSG alimente un revenu de la solidarité" et que "le système assurantiel (...) c'est-à-dire la cotisation employeurs alimente un complément de prestations versé aux demandeurs d'emploi".

"Ça amène tout naturellement une question sur la gouvernance. Il serait logique que d'un côté ce soit l'Etat qui gère le flux CSG et cette allocation de solidarité, et de l'autre que ce soient les partenaires sociaux qui gèrent le flux (...) employeurs qui alimente la prestation", a-t-il ajouté.

La partie assurantielle devra "respecter la règle d'or", ajoute-t-il, soit "pas d'endettement et donc pas de déficit et pour ça ne pas avoir de garantie de l'Etat."

LES SYNDICATS, PAS CONVAINCUS

Geoffroy Roux de Bézieux semble contredire les propos du négociateur du Medef, Hubert Mongon, qui avait refusé vendredi, à l'issue d'une première réunion avec les syndicats, de parler d'indemnisation à deux étages.

Il avait plutôt dit vouloir rendre "la cloison étanche" entre le financement qui provient de l'Etat et celui qui provient des cotisations des employeurs.

Pour les organisations syndicales, le projet qui a été présenté vendredi n'est pas encore assez élaboré.

Pour la CFDT, un régime à deux vitesses, ne "fonctionne pas si on a l'idée d'avoir un système transparent, cohérent pour les demandeurs d'emplois".

"Si les règles sont définies de part et d'autre de façon non concertée, ce sont inévitablement les demandeurs d'emplois qui pâtiraient de cette absence de coordination", a déclaré la négociatrice pour la CFDT, Marylise Léon, à l'issue de la négociation vendredi.

Pour Force ouvrière, "la solution est qu'on continue à gérer le système même s'il y a de la CSG, plutôt que d'aller torturer les chiffres et essayer de trouver un système alambiqué qui, à terme, risque de faire baisser les droits des demandeurs d'emploi".

Pour la CGT, "c'est un calcul sur les dépenses" et "ça ne résout en rien les questions qu'attendent les demandeurs d'emploi".

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)