La France adopte un plan contre la "déforestation importée"

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(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - La France a adopté mercredi une stratégie de lutte contre l'importation de produits forestiers et agricoles, comme l'huile de palme, le soja, le boeuf ou le bois, qui accélèrent la déforestation de vastes territoires à l'étranger.

Les 17 mesures de ce plan ont pour but de mettre fin à ce qu'on appelle la déforestation importée d'ici à 2030.

Le sujet a récemment valu au gouvernement les remontrances des ONG de défense de l'environnement, qui se sont élevées contre l'autorisation donnée à Total d'exploiter la raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) produisant des biocarburants à partir, notamment, d'huiles végétales.

En mai, le groupe pétrolier a reçu la permission de s'approvisionner en huiles brutes, dont la très décriée huile de palme, à hauteur de 450.000 tonnes par an au maximum.

Plus généralement, la France a potentiellement contribué à déforester 5,1 millions d'hectares, soit deux fois la superficie de la Bretagne, du fait de ses importations au cours des cinq dernières années, selon une étude du WWF France publiée jeudi.

C'est pour enrayer cette tendance que le gouvernement a dévoilé son plan, élaboré conformément à l'accord de Paris sur le climat, adopté en 2015, et au "plan climat" de la France, rédigé lorsque Nicolas Hulot était encore ministre.

"Avec cette stratégie, la France prend ses responsabilités pour lutter contre la déforestation", peut-on lire dans un communiqué signé par le successeur de Nicolas Hulot, François de Rugy, et quatre autres ministres.

"On veut aussi (...) jouer un rôle de pionnier, en tout cas essayer d'entraîner dans notre sillon l'Union européenne", dit-on au ministère de la Transition écologique.

Les mesures se concentrent sur certaines productions : l'huile de palme, le soja, le boeuf et le cuir, le cacao, l'hévéa ainsi que le bois et ses produits dérivés, ce qui en exclut d'autres à ce stade, comme le café.

La France s'engage, entre autres, à plafonner dans un premier temps "l'incorporation des biocarburants issus des matières premières ayant un fort risque indirect sur la déforestation" puis à les éliminer d'ici à 2030.

Un label "zéro déforestation" verra par ailleurs le jour d'ici à 2020 pour aider les consommateurs à s'y retrouver.

Dans le même esprit, la législation sur le devoir de vigilance des entreprises sera revue pour inclure les risques liés à la déforestation et l'Etat prendra en compte cet objectif dans ses achats publics.

Le gouvernement prévoit des points d'étape en 2020 et 2025 afin de faire un bilan et, si nécessaire, de compléter son plan.

La dégradation des forêts nuit à la biodiversité mais aussi au climat - elle est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines, selon le WWF.

(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)