500 millions pour apaiser la fronde sur les carburants

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Philippe devoile 500 millions d'euros de mesures d'aide sur les carburants[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre a annoncé mercredi des aides de l'ordre de 500 millions d'euros pour répondre à la grogne sur la hausse des prix des carburants et du fioul, dont une "super prime" à la conversion automobile de 4.000 euros pour les 20% de foyers les plus modestes et un élargissement des indemnités kilométriques.

A l'approche du mouvement de protestation des "Gilets jaunes" prévu samedi en France, Edouard Philippe a déclaré en outre sur RTL que le "chèque énergie", dont le montant doit être réévalué de 50 euros en 2019 à 200 euros, serait étendu à 5,6 millions de personnes contre 3,6 millions aujourd'hui.

Il a confirmé la défiscalisation du "chèque carburant" proposé par les régions, à l'image des Hauts-de-France, et des aides au covoiturage prévues par le projet de loi "Mobilité".

L'exécutif, a-t-il souligné, se fixe désormais pour objectif l'octroi d'un million de primes à la conversion "classiques" d'ici la fin du quinquennat contre les 500.000 prévues. Pour l'heure, 280.000 personnes en ont bénéficié.

L'Etat propose à ce jour une prime de 1.000 euros aux foyers imposables pour la mise au rebut d'une voiture au diesel d'avant 2001 ou d'une essence d'avant 1997 en vue de l'achat d'une voiture électrique ou d'un véhicule thermique ou hybride non rechargeable avec un taux de CO2 inférieur ou égal à 130g/km.

Cette aide est de 2.000 euros pour les ménages non imposables (diesel en circulation avant 2006 ou essence avant 1997) et de 2.500 euros, sans condition de revenus, pour l'achat d'un véhicule électrique. Ce dispositif sera étendu en 2019 aux véhicules hybrides rechargeables, neufs ou d'occasion.

UN GESTE POUR LES "GROS ROULEURS"

"Nous allons faire en sorte que pour les 20% de Français les plus modestes, une super prime soit créée qui permettra de passer à 4.000 euros", a dit Edouard Philippe.

"Un Français qui a acheté une voiture au milieu des années 2000, par exemple une 206 diesel, avec la super prime, il pourra acheter un véhicule plus récent, y compris d'occasion, comme une C3 essence d'occasion, à 5.500 euros. Le reste à charge sera de 1.000 à 1.500 euros pour un véhicule qui consommera nettement moins. C'est une mesure sociale", a-t-il détaillé.

Le ministre de la Transition écologique et solidaire, François De Rugy, a précisé sur CNEWS que cette "super prime" pourrait aller jusqu'à 5.000 euros pour "une voiture électrique ou hybride électrique rechargeable".

Deuxième mesure pour les automobilistes : un élargissement aux petites cylindrées des indemnités kilométriques pour les "gros rouleurs", qui parcourent au moins 60 km par jour pour leur trajet domicile-travail.

Comme annoncé, les chèques carburant consentis par les régions seront défiscalisés, ainsi que les aides au covoiturage allouées par les entreprises. Le projet de loi "Mobilité" prévoit l'allocation de 400 euros par les entreprises, sur la base du volontariat, aux salariés se rendant à leur travail à vélo ou par le biais du covoiturage.

Autre volet du plan, le chauffage.

Outre l'augmentation et l'extension du "chèque énergie" à 5,6 millions de Français en 2019, le Premier ministre a confirmé l'objectif de supprimer le chauffage au fioul d'ici dix ans avec le développement d'une prime à la conversion. Plus de quatre millions de logements sont aujourd'hui chauffés au fioul.

Edouard Philippe s'est dit "attentif aux inquiétudes, à l'angoisse, parfois à la colère". Soulignant respecter le droit de manifester, il a toutefois prévenu que toute entrave à la circulation le 17 novembre serait sanctionnée. "On ne peut pas faire n'importe quoi."

"DE LA MICRO-RUSTINE"

Ces mesures additionnelles seront "introduites dans le projet de budget pour 2019 qui est en cours de discussion au Parlement", a précisé François de Rugy sur CNEWS.

"Un geste de solidarité" qui ne remet pas en cause la politique de transition écologique, a-t-il fait valoir, en chiffrant les recettes de la fiscalité verte à 34 milliards d'euros en 2019.

Le président des Républicains Laurent Wauquiez, qui participera samedi aux manifestations des "Gilets jaunes" en Haute-Loire, a dénoncé sur BFM TV et RMC Info "de la micro-rustine". "On va nous mettre des petites subventions pour financer des hausses massives de taxes."

Le député La France insoumise Eric Coquerel a estimé sur LCI que ces mesures sentaient "l'improvisation" et qu'elles étaient "un encouragement à la mobilisation".

"Si j'ai bien tout compris, le Premier Ministre Edouard Philippe va verser quelques subventions payées avec l'argent de nos impôts et taxes pour compenser les hausses d'impôts et de taxes", a raillé Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, sur Twitter.

"Je ne dis pas que ce soit un équilibre parfait (...) mais il y a la recherche de quelque chose qui est juste du point de vue de l'orientation du pays, notamment face aux changements climatiques", a commenté pour sa part François Bayrou, président du MoDem, sur Radio Classique.

(Sophie Louet avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)