Philippe ouvert au télétravail durant les arrêts maladie

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Philippe ouvert au teletravail durant les arrets maladie[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe s'est dit ouvert mercredi au recours au télétravail pendant certains arrêts maladie afin d'éviter une reprise brutale et favoriser ainsi un retour progressif à l'emploi.

Le Premier ministre a diligenté une mission en septembre pour analyser les causes de la "hausse importante des arrêts maladie ces dernières années" et "proposer des pistes pour y remédier".

Parmi les pistes proposées, qui ont été présentées aux partenaires sociaux mardi, figure l'idée d'avoir recours au télétravail pendant un arrêt maladie.

Interrogé à ce sujet sur la même station, Edouard Philippe n'a pas confirmé cette piste : "C'est une question délicate. Favoriser le télétravail, oui", mais "ne pas mélanger l'arrêt de travail et le travail", a-t-il dit sur RTL.

Il faut voir, a-t-il expliqué, "comment est-ce qu'on peut reprendre progressivement le travail, notamment par le télétravail, ça peut être une piste intéressante."

"Ne pas se placer dans des situations qui soient trop binaires : on ne travaille pas, on n'a pas le droit, puis ensuite on doit travailler complètement", a-t-il dit sans plus de précisions sur les pistes de réflexion.

La mission avait proposé dans un point d'étape de faciliter l'accès au temps partiel thérapeutique et de rendre obligatoire la dématérialisation des procédures de déclaration d'arrêt maladie, des pistes qui ont fait l'objet de deux amendements dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2019.

LES SYNDICATS OPPOSÉS

Pour le président de la CFE-CGC, François Hommeril, autoriser le télétravail pendant un arrêt maladie est un "excellent exemple d'une fausse bonne idée".

"Si on est arrêté, on est arrêté. Si par ailleurs on veut faire du télétravail, on fait du télétravail. Mélanger les deux sujets, c'est la porte ouverte à une dérive qui pourrait être particulièrement inquiétante", a-t-il déclaré mercredi lors d'une rencontre avec les membres de l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).

Pour Jérôme Vivenza, le négociateur de la CGT sur les questions de santé au travail, cette piste paraît difficile à mettre en place.

"Dans ce schéma, le médecin prescripteur devrait savoir comment se passe le télétravail dans chacune des entreprises des ses patients", a-t-il dit à Reuters. "Or, le télétravail est organisé de façon très différente d'une entreprise à l'autre".

Les indemnités versées pour arrêt maladie ont représenté au total en 2017 un peu plus de 10,3 milliards d'euros, soit une hausse de 4,4 % en un an, d'après le dernier rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale.

Les arrêts de plus de six mois engendrent 44% des dépenses.

Un projet de loi sur la santé au travail est attendu au printemps ou au début de l'été 2019. Il devrait comprendre des dispositions sur la prévoyance et le handicap, selon Jérôme Vivenza, en plus de traiter des arrêts maladie.

(Sophie Louet, avec Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)