L'ancien secrétaire d'Etat Georges Tron acquitté

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(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - L'ancien secrétaire d'Etat Georges Tron, jugé pour viols et agressions sexuelles en réunion, a été acquitté jeudi par la cour d'assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis) après plus de sept années d'une procédure entamée en pleine affaire Strauss-Kahn.

L'avocat général avait réclamé six ans de prison et une peine d'inéligibilité de cinq ans à l'encontre de l'ex-député UMP, qu'il a dépeint en "pervers", de même que son inscription au fichier des délinquants sexuels.

L'actuel maire de Draveil (Essonne), âgé de 61 ans, encourait jusqu'à vingt ans de prison.

La cour a également acquitté Brigitte Gruel, à l'époque maire-adjointe de Draveil, jugée pour les mêmes faits, alors que le ministère public avait requis quatre ans.

"C'est l'illustration une fois encore que la justice n'est pas la justice médiatique où Georges Tron a été condamné dans des conditions inadmissibles durant sept ans, privé de la possibilité de poursuivre sa carrière et moqué. Nous espérons que c'est une page qui se tourne pour lui", a déclaré à la presse l'avocat de Georges Tron, Me Eric Dupond-Moretti.

"La cour d'assises a rendu une décision motivée et franchement ce n'est pas une victoire de la défense, c'est aujourd'hui une victoire de la justice", a-t-il ajouté.

Eva Loubrieu, l'une des victimes présumées, a émis pour sa part le souhait qu'un appel soit interjeté, espérant que "les choses ne sont pas finies."

UN APPEL SERAIT "DE VANITÉ ET D'ORGUEIL"

Pour Eric Dupond-Moretti, "un appel est évidemment possible mais ce serait un appel de vanité et d'orgueil."

Georges Tron avait été dénoncé en mai 2011 par deux ex-collaboratrices en pleine affaire Dominique Strauss-Kahn, du nom de l'ex-directeur général du FMI dont la déchéance a déclenché à l'époque un débat de société sur la question du viol.

L'élu, qui a dû démissionner de ses fonctions gouvernementales sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et sa complice présumée rejettent en bloc les accusations des deux plaignantes, toutes deux anciennes employées municipales.

Au tribunal, Eva Loubrieu et Virginie Faux, embauchées à la mairie de Draveil en 2007 et 2008, ont maintenant leurs accusations contre le maire et son adjointe de s'être adonnés sur elles à des attouchements et des jeux sexuels sous prétexte de massage thérapeutique des pieds.

Elles ont aussi évoqué l'emprise et les pressions qu'auraient exercées Georges Tron et Brigitte Gruel, d'abord pour les contraindre à ces jeux, puis au silence. Non sans laisser apparaître une fragilité et des contradictions sur lesquelles table la défense des deux prévenus, dont le médiatique Eric Dupond-Moretti.

Eva Loubrieu a ainsi admis avoir consenti dans un premier temps à ces pratiques dans l'espoir d'une relation amoureuse avec le maire, comme pourraient l'attester des SMS suggestifs lus à l'audience. Avant que ces jeux tournent aux relations subies et à la soumission aux désirs des prévenus.

Un premier procès s'était ouvert en décembre 2017 à Bobigny, en pleine tourmente médiatique provoquée par les nombreuses accusations de viol visant le magnat du cinéma américain Harvey Weinstein, mais il avait tourné court, Me Eric Dupond-Moretti dénonçant alors des conditions "totalement délétères".

(Simon Carraud avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)