L'islamologue Tariq Ramadan remis en liberté sous conditions

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(Crédits : Mike Segar)

PARIS (Reuters) - La cour d'appel de Paris a ordonné jeudi la remise en liberté sous condition de l'islamologue suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour viols et en détention provisoire depuis plus de neuf mois, ont annoncé son avocat et celui d'une des plaignantes.

Le juge des libertés et de la détention (JLD) avait rejeté le 7 novembre la quatrième demande de libération du petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens et son avocat, Me Emmanuel Marsigny, avait alors fait appel.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a inversé la décision du JLD mais posé notamment comme condition le versement préalable d'une caution de 300.000 euros.

Tariq Ramadan devra également remettre son passeport, résider à l'adresse qu'il a déclarée et se présenter une fois par semaine au commissariat, précise-t-on de source judiciaire.

Il lui est par ailleurs interdit de sortir du territoire français et d'entrer en contact avec ses victimes présumées et les témoins, ajoute-t-on de mêmes sources.

L'islamologue, qui souffre de sclérose en plaques, est détenu à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), où il devait retourner jeudi soir dans l'attente du versement de sa caution. "Je vais faire en sorte de régler ça demain", a dit à Reuters Me Marsigny.

"La remise en liberté de Tariq Ramadan est logique au regard des derniers développements du dossier, qui démontrent que les accusations de viol portées contre lui sont mensongères", a ajouté l'avocat de cet intellectuel controversé.

Le 22 octobre dernier, Tariq Ramadan avait reconnu pour la première fois devant les juges d'instruction chargés du dossier avoir eu des relations sexuelles avec les deux femmes dont les accusations de viols lui valent sa mise en examen.

Il avait cependant dit aux juges que ces relations "dominant-dominé" étaient consenties. Son avocat avait notamment invoqué à l'appui de cette nouvelle version des échanges de SMS avec ces accusatrices.

L'avocat de l'une de ces deux femmes, identifiée sous le prénom Christelle, Eric Morain, a déclaré à Reuters ne pas être vraiment surpris par la décision de la cour d'appel.

"On s'y était préparé depuis les aveux de M. Ramadan, qui avait égaré la justice pendant neuf mois de mensonges", a-t-il dit. "C'est une déception pour ma cliente parce que ça nourrit une crainte, mais le combat continue."

Tariq Ramadan est également visé par une plainte aux Etats-Unis et une autre en Suisse pour des faits similaires.

(Emmanuel Jarry, édité par Elizabeth Pineau)