Draghi évoque une remontée ralentie de l'inflation

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Draghi juge le cycle resistant malgre un creux temporaire[reuters.com]
(Crédits : Ralph Orlowski)

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a toujours l'intention d'arrêter son programme de rachat d'obligations à la fin de l'année mais la remontée de l'inflation pourrait être plus lente que prévu jusqu'à présent, a déclaré vendredi son président Mario Draghi.

L'économie de la zone euro a ralenti ces derniers mois dans un contexte d'affaiblissement de la demande chinoise, de hausse des taux d'intérêt pour les emprunteurs en dollars dans le monde et de tensions sur les rendements obligataires en Italie.

Dans un discours au Congrès bancaire européen à Francfort, Mario Draghi a dit ne voir "aucune raison" de prédire un coup d'arrêt à la croissance et à l'inflation en zone euro, tout en alertant sur l'incertitude accrue sur les perspectives d'avenir.

Si les entreprises commencent à devenir plus incertaines quant aux perspectives de croissance et d'inflation, la compression des marges pourrait s'avérer plus persistante", a-t-il expliqué.

"Cela affecterait la rapidité de la remontée de l'inflation sous-jacente et donc l'évolution de l'inflation que nous nous attendons à observer au cours des prochains trimestres", a-t-il ajouté. "Les incertitudes autour des perspectives à moyen terme se sont accrues."

Ces déclarations ont été faites peu avant la publication des données définitives sur l'inflation en octobre en zone euro. Si l'inflation globale est confirmée à 2,2% en rythme annuel, Eurostat, l'institut européen de la statistique, a revu en baisse le chiffre de l'inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés, à 1,2% sur un an contre 1,3% en première estimation.

La BCE estime que les risques entourant les perspectives de croissance restent globalement équilibrés, a dit Mario Draghi, mais elle réévaluera la situation en décembre, lorsque de nouvelles prévisions de croissance et d'inflation seront disponibles.

MISE EN GARDE SUR LES "SPREADS" SOUVERAINS

La BCE a l'intention d'arrêter à la fin de l'année son programme de rachats d'obligations, auquel elle aura consacré de 2.600 milliards d'euros, et s'est engagé à laisser ses taux directeurs inchangés au moins jusqu'à l'été 2019.

Le président de la banque centrale a confirmé ces intentions mais il a averti qu'une éventuelle hausse imprévue des coûts d'emprunt en zone euro modifierait l'évolution des taux directeurs.

"Si les conditions financière et de liquidité connaissaient un resserrement imprévu ou si les perspectives d'inflation devaient se détériorer, notre fonction de réaction est claire", a-t-il déclaré. "Cela devrait se traduire par un ajustement des anticipations d'évolution des taux d'intérêt."

Mario Draghi n'a pas mentionné spécifiquement l'Italie dans son discours mais il a alerté sur les risques de voir se creuser les écarts entre les rendements des obligations souveraines ("spreads").

"L'absence de consolidation budgétaire dans les pays plus endettés accentue leur vulnérabilité aux chocs, qu'il s'agisse de chocs provoqués indépendamment par la remise en cause des règles de l'architecture (de la zone euro) ou de chocs importés par contagion financière. Jusqu'à présent, l'accroissement des 'spreads' souverains a été surtout cantonné au premier cas et la contagion d'un pays à l'autre a été limitée."

Le rendement du Bund allemand a atteint son plus haut du jour à 0,375% après le discours du président de la BCE, avant de revenir à 0,369%.

(Balazs Koranyi, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)