Un décès en marge de la mobilisation des "Gilets jaunes"

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Un deces en marge de la mobilisation des gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

PARIS (Reuters) - Une femme est morte à la suite d'un accident en marge d'une manifestation de "Gilets jaunes" en Savoie, a annoncé samedi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, évoquant quelque 2.000 opérations recensées sur tout le territoire.

Les "Gilets jaunes" manifestent contre la hausse des taxes sur le carburant, une mobilisation protéiforme qui a pris de court gouvernement, partis politiques et syndicats.

Le ministère de l'Intérieur a dénombré 2.039 actions sur le territoire auxquelles se sont joints 282.710 manifestants, avec un pic atteint à 17h00.

* SELON LE BILAN DONNÉ À 21H00, une personne est décédée en matinée, 229 ont été blessées au cours des mobilisations, dont sept gravement.

On compte en outre dix blessés légers et un blessé grave parmi les forces de l'ordre, ainsi qu'un blessé grave chez les pompiers alors qu'il tentait d'empêcher des manifestants de s'en prendre à une station-service fermée, précise l'Intérieur.

Les autorités ont procédé à 117 interpellations, ayant donné lieu à 73 gardes à vue.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a fait état d'un changement de profil des manifestants en soirée, alors que des heurts éclataient dans certaines villes en France.

"Les manifestants aujourd'hui bon enfants, ce soir se transforment avec l'arrivée de casseurs", a déclaré un cadre de la gendarmerie nationale. Des cocktails Molotov ont été jetés sur les forces de l'ordre sur l'A4. Des "sabres d'abattis" ont été utilisés à la Réunion.

A Troyes, une centaine de personnes se sont introduites dans la préfecture où ils "ont commis des dégradations" avant de se rediriger vers la mairie, ce qui a nécessité l'intervention des forces de l'ordre, a déclaré le Directeur général de la police nationale.

Des mouvements similaires ont été observés à Laval, en Mayenne, ainsi qu'à Quimper, dans le Finistère, où un canon à eau a été utilisé pour disperser les manifestants.

* A PARIS, la police a dégagé vers 19h00 le rond-point de la place de l'Etoile bloqué par des manifestants. Elle est également intervenue sur la place de la Concorde, où il restait environ 400 manifestants.

Il n'y a eu aucun blessé, ni dégradation dans la capitale, a fait savoir le ministère de l'Intérieur. "Le dispositif de bouclage du site Elysée a produit son efficacité", a-t-il dit.

* A LYON, la situation était tendue en début de soirée. Les forces de l'ordre tentaient de faire évacuer la place Bellecour et la rue de la République, où s'étaient rassemblés les manifestants.

* LE BILAN DE 17H00 faisait état de la présence de 1.200 personnes à Paris près de la place de la Concorde. Elles avaient auparavant défilé sur les Champs-Elysées.

Certaines s'étaient dirigés vers la rue du Faubourg-Saint-Honoré pour s'approcher du palais de l'Elysée, sans toutefois pouvoir pénétrer dans le périmètre de sécurité. Elles ont été repoussés progressivement par les services de police.

Des cortèges de motards et d'automobilistes ont fortement perturbé la circulation sur le périphérique parisien durant la journée.

Dans la matinée, les manifestants s'étaient rassemblés à la porte de Clichy, porte d'Asnières et la porte Maillot, sans toutefois bloquer la circulation. Certains avaient voulu bloquer le périphérique au niveau de la porte d'Auteuil, mais ont été dispersés par les policiers.

* A 17H00, PLUSIEURS BLOCAGES ÉTAIENT ENCORE EN PLACE SUR LES AUTOROUTES, notamment sur l'A57, au niveau de Toulon, sur l'A8 au niveau d'Antibes et de Fréjus et sur l'A11 au niveau d'Angers, écrit Vinci autoroutes dans un communiqué.

Par ailleurs, les opérations escargots et des barrages filtrants continuaient sur l'A10, l'A50, l'A7 et l'A709, entraînant encore des ralentissements.

Plusieurs échangeurs restent fermés à la circulation sur décision préfectorale, notamment à proximité de grandes agglomérations telles que Toulouse, Toulon, Montpellier, Narbonne, Angers, Bordeaux et Biarritz.

Sur l'A8, un mouvement d'envergure était en cours au péage de Capitou, près de Fréjus et d'Antibes.

* PLUSIEURS INCIDENTS AVAIENT ÉTÉ RECENSÉS À LA MI-JOURNÉE sur le territoire dont un mortel, à Pont-de-Beauvoisin, en Savoie, où une manifestante a été renversée par une automobiliste qui semble avoir paniqué à l'arrivée sur un barrage. La conductrice a été placée en garde à vue, selon la préfecture.

Un motard de la police nationale a été grièvement blessé dans une collision avec une voiture alors qu'il sécurisait la manifestation des Gilets jaunes à Strasbourg, a-t-on appris auprès de la préfecture. Il souffre de multiples fractures. Les deux occupantes de la voiture n'étaient pas impliquées dans la manifestation.

Deux policiers ont également été légèrement blessés par des automobilistes qui ont forcé le passage à Grasse (Alpes-Maritimes) et à Porto-Vecchio (Corse), selon l'Intérieur.

* Les PREMIÈRES INTERPELLATIONS ont été justifiées par des "refus d'obtempérer, pour menaces, pour des automobilistes qui ont cherché à forcer des barrages", selon l'Intérieur.

Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes pour libérer l'entrée du tunnel du Mont-Blanc sur l'A40. Quatre autres opérations "notables" ont eu lieu: au Pont de Normandie sur l'A29, à Grande-Synthe sur l'A16, en Meurthe-et-Moselle sur l'A31 et sur le pont du Gard sur l'A9 qui était encore en cours.

* Des incidents impliquant des armes à feu ont été signalés à la Réunion et dans l'Hérault où, dans les deux cas, un automobiliste a tiré dans les airs en forçant un blocage.

Le véhicule du premier a été identifié et la personne sera "vraisemblablement" interpellée d'ici la fin de journée, selon les autorités. Le véhicule du deuxième été identifié et l'auteur a été interpellé en mi-journée.

* LES PREMIERS BLOCAGES des gilets jaunes ont commencé dès l'aube en Nouvelle Aquitaine.

Sur l'A63, au sud de Bordeaux (Gironde), un demi-millier de voitures ont alterné blocages dans un sens de circulation et opération escargot tout en laissant la bande d'arrêt d'urgence libre. Au nord de Bordeaux, le péage sur l'A10 à Virsac a été bloqué dans les deux sens.

En Charente-Maritime, un barrage filtrant avait été installé sur le pont de l'île de Ré en matinée.

D'autres points de blocage ont eu lieu en Charente, en Dordogne, dans les Landes et dans les Pyrénées-atlantiques. A Pau, environ 300 gilets jaunes se sont réunis sur la parking du Zénith avant de se répartir sur plusieurs points de blocage devant des centres commerciaux. Un groupe occupait le poste de péage de l'A64 pour une opération "péage gratuit".

*Dans la région Auvergne Rhône-Alpes, les blocages se sont intensifiés en cette fin de matinée.

Sept principaux points de blocage étaient identifiés dans le Rhône, autour de Lyon, à Saint-Priest au niveau du centre commercial de la Porte des Alpes, à Givors, également au niveau du centre commercial des Deux Vallées.

Sur le boulevard périphérique lyonnais, les actions des gilets jaunes perturbaient fortement la circulation.

En Isère, 44 points de blocages ont été recensés dont une dizaine de barrages filtrants à l'entrée des agglomérations, mais aussi au niveau des péages autoroutiers, sur les bretelles d'autoroutes, où à l'entrée des centres commerciaux ou des grandes surfaces.

*A Toulouse, près de 500 "Gilets jaunes" ont bloqué pendant une heure en matinée l'aéroport de Blagnac en ralentissant la circulation sur le périphérique. Ils ont ensuite bloqué les accès à certains centres commerciaux.

Dans la journée, près de 3.500 personnes ont manifesté dans le Gard où la circulation était particulièrement difficile sur l'autoroute A7. Plusieurs barrages bloquants et filtrants ont été recensés, notamment à Alès, Nîmes et Aimargues.

Des radars fixes ont été symboliquement recouverts de gilets jaunes autour de la ville d'Arles.

* A Marseille, des points de blocage et de filtrage ont été mis en place autour de la gare Saint-Charles. Des gilets jaunes bloquent aussi le Vieux-Port. Une centaine de personnes ont pris position aux entrées du tunnel Prado-Carénage, qui traverse la ville en sous-sol, qui a été fermé "pour raison de sécurité".

La préfecture du Vaucluse a recensé 43 points de ralentissement ou de blocage dans le département avec 3.000 manifestants environ.

Dans les Bouches-du-Rhône, l'entrée de l'aéroport international de Marseille-Provence était perturbée par la mise en place d'un barrage filtrant.

*En Meurthe-et-Moselle, la circulation a été bloquée sur l'A31 dans l'agglomération de Nancy, au niveau de Gondreville et Frouard, où des manifestants à pied occupaient les voies, a indiqué la préfecture. "Ces manifestants sont photographiés et les immatriculations de leurs véhicules relevées pour que des poursuite soient engagées", précise un communiqué.

Dans le Haut-Rhin, trois à quatre cents personnes bloquaient en matinée le rond-point de l'Ile Napoléon à Illzach, près de Mulhouse, qui mène à une zone commerciale et permet d'accéder à l'A35, a constaté Reuters.

Quelques brefs incidents ont éclaté entre les manifestants scandant "Macron démission" et des automobilistes énervés. Cinq poids lourds sont venus renforcer le barrage dans la matinée avec des banderoles marquées du slogan "Stop racket".

* Dans le département du NORD, une quinzaine de rassemblements ont été recensés dans la matinée par la préfecture, avec 1.500 manifestants.

A Arras, la police a fait état de tensions sur plusieurs points de blocage entre des automobilistes et des manifestants avec échanges de coups, et a procédé à plusieurs interpellations.

* Trente unités de force mobile, soit 2.500 policiers et gendarmes, étaient prêtes à intervenir en renfort des effectifs normaux, avait-on dit au ministère de l'Intérieur en amont des manifestations.

Les autorités ont prévenu qu'elles ne laisseraient pas les "Gilets jaunes" barrer complètement les routes.

L'exécutif a élaboré en catastrophe un plan de 500 millions d'euros destiné à aider les ménages les plus modestes à faire face à la hausse des prix et, au-delà, à apaiser les mécontentements, dont une "super prime" à la conversion pour les automobilistes changeant de véhicule et un élargissement des indemnités kilométriques.

(Caroline Pailliez, avec Service France, édité par Yves Clarisse et Tangi Salaün)