Le gouvernement ne fléchira pas devant les "Gilets jaunes"

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Le gouvernement ne flechira pas devant les gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a annoncé qu'il garderait le cap concernant sa politique fiscale et écologique malgré la mobilisation des "Gilets jaunes" contre la hausse du prix du carburant qui s'est traduite par des centaines de blocages en France samedi.

"En matière de fiscalité écologique, nous poursuivrons la trajectoire prévue. Ne pas le faire serait de l'inconscience", a déclaré le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy dans une interview à paraître dimanche dans le Parisien.

"Nous avons été élus pour régler les problèmes qu'on avait laissé en plan et nous continuerons à le faire sans relâche. Il faut absolument sortir de ce piège du tout voiture, tout pétrole, tout diesel dans lequel nous nous sommes enfermés si longtemps", a-t-il ajouté.

Quelque 282.000 personnes ont organisé des manifestations sur les réseaux routiers à travers la France samedi sous la forme d'opérations escargot et de blocages afin de crier leur colère contre la taxation du carburant.

Le chef de l'Etat était la cible principale de ces "Gilets jaunes", "Macron démission", "Dehors Macron" étant les slogans les plus fréquemment entendus.

François de Rugy ne croit pas que le président de la République, dont la cote de popularité chute dans les sondages, "perd la main".

"J'entends plutôt l'expression d'une impatience. Il y a une attente très forte de résultats, qu'il est très difficile de satisfaire en l'espace de 18 mois. Et ce n'est certainement pas en capitulant devant les difficultés qu'on parviendra à y répondre", a-t-il dit.

UNE COTE DE POPULARITÉ ENCORE EN BAISSE

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le secrétaire d'Etat chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, estime qu'il faut encore poursuivre le "travail d'explication et de promotion" des mesures compensatoires annoncées mercredi pour accompagner la transition écologique.

Selon un sondage Ifop réalisé le 16 et 17 novembre pour le Journal du Dimanche, les principaux motifs de protestation des "Gilets jaunes", d'après les Français, sont, outre la hausse du prix du carburant, l'excès d'impôts et de taxes ainsi qu'une colère contre les élus et le personnel politique.

La cote de popularité d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe était par ailleurs encore en baisse en novembre, selon un autre sondage Ifop réalisé entre le 9 et le 17 novembre pour le Journal du Dimanche.

Elle a chuté de quatre points par rapport au mois d'octobre pour le président de la République et de sept points pour le Premier ministre.

Sébastien Lecornu a dénoncé pour sa part une "récupération politique" des partis d'opposition, lesquels ont tous appelé à faire grossir le mouvement.

Le chef de file des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, s'est joint à une manifestation en Haute-Loire et le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est rendu ce samedi place de la Concorde, à Paris. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, n'est pas allée elle-même sur le terrain, mais ses proches ont manifesté et se sont exprimés sur les réseaux sociaux.

"Vouloir faire aujourd'hui du recel de la colère des Français, c'est assez abject. Voir des gens qui ont cumulé hier tous les postes, de député à ministre, nous expliquer qu'ils vont aller mettre un gilet jaune, c'est grotesque", a dit le secrétaire d'Etat.

(Caroline Pailliez, édité par Arthur Connan)