La France à l'offensive pour attirer plus d'étudiants étrangers

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Réforme des droits d'inscription, visas simplifiés et multiplication des formations en anglais : la France a dévoilé lundi son plan de bataille visant à renforcer l'attractivité de ses universités et de ses écoles face à la concurrence internationale de nouveaux acteurs aux méthodes offensives.

"Nous sommes sans cesse comparés, évalués, arbitrés, parmi dix autres destinations possibles", or "nul ne peut se reposer sur sa seule réputation", a souligné le Premier ministre Edouard Philippe, lors des rencontres universitaires de la francophonie.

"Pour gagner en attractivité, il faut s'attaquer à tous les sujets, à tous les détails du quotidien qui compliquent la vie des étudiants étrangers", a-t-il ajouté, avec un objectif : 500.000 étudiants en mobilité en 2027, contre 320.000 actuels.

A l'heure actuelle, la France est le quatrième pays d'accueil des étudiants internationaux après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, et le premier non anglophone.

Mais la France accuse un retard notamment dans ses dispositifs d'accueil et voit son rang disputé par l'Allemagne, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie ou encore la Chine et le Canada. Sur cinq ans (2011-2016), elle a vu le nombre de ses étudiants étrangers baisser de 8,5%.

Face à cette concurrence qui fait planer le risque d'un décrochage, la France va simplifier sa procédure de visa : le dépôt de la demande pour études se fera désormais en ligne et les consulats auront pour consigne d'accorder la priorité aux demandes de visas étudiants à l'approche de la rentrée.

A partir de mars 2019, les étudiants titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur français équivalent au master et qui sont retournés dans leur pays d'origine pourront par ailleurs bénéficier d'un titre de séjour pour revenir en France, créer une entreprise ou chercher du travail.

TRIPLEMENT DU NOMBRE DE BOURSES

Autre mesure phare de la stratégie gouvernementale baptisée "Choose France", la hausse des droits d'inscription pour les étudiants ne résidant pas dans l'espace économique européen (EEE) dans un souci d'"équité financière".

"Un étudiant étranger très fortuné qui vient en France paye le même montant qu'un étudiant français peu fortuné dont les parents résident, travaillent et payent des impôts en France depuis des années, c'est absurde et injuste", a dit Edouard Philippe.

A l'heure actuelle, les étudiants s'acquittent de 170 euros par an en licence, 243 euros en master, et 380 euros en doctorat, l'Etat prenant à sa charge la quasi-totalité du coût réel de la formation, estimé à 9.660 euros par an en moyenne.

Dès la rentrée 2019, les étudiants hors EEE devront payer 2.770 euros en licence et 3.770 euros en master et doctorat, un coût qui reste "très en dessous des 8.000 à 13.000 euros de nos voisins néerlandais et des dizaines de milliers de livres en Grande-Bretagne", a précisé Edouard Philippe.

Parallèlement, le nombre de bourses offertes aux étudiants internationaux va tripler. Quelque 15.000 bourses d'étude seront attribuées par le Quai d'Orsay, contre 7.000 actuellement, et 6.000 bourses d'universités et d'écoles par les établissements.

Le gouvernement table également sur un renforcement du nombre de formations dispensées en anglais - depuis 2004, l'offre a été presque multipliée par cinq, passant de 286 à 1.328 - et sur un label afin d'améliorer la qualité d'accueil.

Sur ce dernier point, un fonds "Bienvenue en France" pour accompagner dès la rentrée 2019 les initiatives concrètes des universités labellisées va être doté de 10 millions d'euros.

Au-delà du seul territoire national, l'exécutif souhaite accroître la présence des campus universitaires français à l'étranger à l'image l'ESSEC à Rabat et Singapour, l'Ecole centrale à Casablanca et Pékin, Paris Dauphine Tunis, ou encore la Sorbonne à Abou Dhabi. Un fonds d'amorçage de 5 millions d'euros sera à cet effet mis en place dès 2019 pour financer de nouvelles initiatives.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)