BRUXELLES (Reuters) - L'Espagne n'appuiera pas le projet de Brexit mis au point entre Londres et Bruxelles si elle n'obtient pas l'assurance de pouvoir négocier directement avec le Royaume-Uni l'avenir de Gibraltar, a déclaré lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell.

A son arrivée à Bruxelles pour une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l'Union, Josep Borrell a souligné que l'accord de Brexit devait reconnaître sans ambiguïté le cas particulier que constitue Gibraltar, territoire britannique depuis 1713.

"Les négociations entre la Grande-Bretagne et l'UE ont une portée territoriale qui n'inclut pas Gibraltar, les négociations sur l'avenir de Gibraltar sont des discussions séparées", a-t-il dit.

"C'est ce qui doit être dit de manière claire. Tant que ce ne sera pas précisé dans l'accord de retrait et dans la déclaration politique sur les relations futures, nous ne pourrons pas apporter notre soutien (à l'accord)", a ajouté le chef de la diplomatie espagnole.

Gibraltar est depuis trois siècles un sujet de discorde entre Londres et Madrid qui accepte mal la souveraineté britannique sur le "peñón".

Le petit territoire stratégique, tout au sud de l'Espagne juste en face de l'Afrique, doit quitter l'Union avec le reste du Royaume-Uni fin mars 2019, alors que sa population a voté à 96% contre le Brexit lors du référendum de juin 2016.

Avant ce référendum, Madrid avait souligné qu'en cas de Brexit, Gibraltar perdrait l'accès au marché unique européen, à moins que ne soit trouvée une solution provisoire fondée sur une souveraineté partagée avec l'Espagne.

L'Espagne s'est réjouie la semaine dernière de l'inclusion d'un protocole sur Gibraltar dans le projet d'accord sur le Brexit, jugeant que cela serait positif pour les habitants du "Rocher".

(Gabriela Baczynska et Alastair Macdonald avec Jose Elias Rodriguez à Madrid; Guy Kerivel pour le service français)