Affaire Magnitsky : La Russie accuse le financier Bill Browder

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MOSCOU (Reuters) - Le parquet fédéral russe a annoncé lundi avoir ouvert une nouvelle enquête dans l'affaire Sergueï Magnitsky, cet avocat empoisonné en 2009 dans une prison moscovite qui avait été l'employé de William Browder, un ressortissant britannique fondateur d'un fonds d'investissement.

Le parquet russe estime que Bill Browder, fondateur du fonds d'investissement Hermitage Capital, est le commanditaire de l'assassinat de Magnitsky. Un mandat d'arrêt a été lancé contre lui pour création d'une organisation criminelle internationale.

La justice russe accuse Browder d'avoir créé plusieurs sociétés qui ont permis de blanchir des millions de dollars et d'avoir ordonné l'empoisonnement de quatre de ses collaborateurs, dont Sergueï Magnitsky.

Nikolaï Atmoniev, conseiller du procureur général de Russie, estime qu'il est "fortement probable" que Browder a lui-même donner l'ordre d'empoisonner Magnitsky lors de son incarcération. Il s'appuie sur le témoignage d'un ancien codétenu de l'avocat, rapporte l'agence de presse RIA.

Sergueï Magnitsky avait été arrêté en 2008 après avoir accusé des dirigeants russes d'être impliqués dans une fraude fiscale à grande échelle. Il s'était plaint de mauvais traitements infligés par les autorités russes.

Bill Browder s'est vu refuser en novembre 2005 l'accès au territoire russe alors qu'il avait installé depuis près de dix ans le plus gros fonds d'investissement étranger à Moscou.

Soutien politique de Vladimir Poutine au début des années 2000, l'homme d'affaires avait émis des critiques sur la mauvaise gestion de Gazprom, le producteur de gaz protégé par la présidence russe.

Depuis cette brouille, Bill Browder, né aux Etats-Unis, a mené une campagne contre le Kremlin qui s'est traduite en 2012 par l'adoption par le Congrès américain de sanctions connues sous le nom de "Magnitsky Act" (la loi Magnitsky).

Le financier a estimé que les accusations portées contre lui par la justice russe font partie d'une vendetta menée par Vladimir Poutine à son encontre.

Dans un message sur Twitter, il a dressé un parallèle entre les accusations qui le visent et l'empoisonnement dans le sud de l'Angleterre de l'ancien espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia au mois de mars.

(Tom Balmforth; Pierre Sérisier pour le service français)