L'Italie s'en tient à son budget, discute avec la Commission

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(Crédits : Eric Vidal)

BRUXELLES (Reuters) - L'Italie s'en tiendra à son projet de budget pour l'année 2019 malgré les critiques adressées par la Commission européenne avec laquelle les discussions se poursuivent, a déclaré le ministre de l'Economie Giovanni Tria lundi, à l'issue de la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe).

L'exécutif européen a rejeté le projet de Loi de finances de l'Italie au prétexte qu'il ne permet pas de réduire la dette comme l'exigent les règles de l'Union européenne (UE).

Tria, qui pense que le budget de 2019 n'est que "très modérément" expansionniste, a dit à la presse: "La discussion se poursuit; évidemment, le projet gouvernemental ne change pas mais l'intention de poursuivre la discussion est là."

Le rendement de l'emprunt italien à 10 ans est monté à 3,56% en réaction à ces déclarations, au plus haut depuis plus de trois semaines, tandis que l'écart de rendement avec le Bund à 10 ans s'est creusé à 319 points de base.

L'Italie vise un déficit budgétaire représentant 2,4% du Produit intérieur brut (PIB) en 2019 contre 1,8% projeté cette année. Elle reste dans la légalité car ce déficit est inférieur aux 3% maximums autorisés mais elle est revenue sur son précédent engagement de réduire la dette.

Bruxelles doit publier mercredi un rapport sur la dette italienne, ce qui pourrait constituer la première étape d'une éventuelle procédure disciplinaire à l'encontre de l'Italie, procédure elle-même susceptible de déboucher en théorie sur des amendes et sur un gel des fonds communautaires destinés à Rome.

La dette italienne, qui représente plus de 130% du PIB, la plus élevée de la zone euro après la Grèce, devrait rester globalement stable dans les trois prochaines années, estime la Commission, alors que le gouvernement italien dit qu'elle diminuera grâce au coup de pouce donné à la croissance économique par une politique de dépenses publiques.

Pour Tria, cette politique budgétaire s'impose afin de compenser un ralentissement économique qui affecte l'ensemble de l'Europe.

L'écart de croissance entre l'Italie et l'Europe du nord commence à se rétrécir, comme le prévoyait le gouvernement, a-t-il dit, mais c'est seulement parce que la croissance y ralentit plus fortement qu'en Italie.

Tria, un universitaire de 70 ans qui n'est membre d'aucun des deux partis de la coalition gouvernementale - Ligue (extrême-droite) et Mouvement 5 Etoiles (contestataire), observe que la France a eu droit à plus de mansuétude que l'Italie sur la question budgétaire et ajoute que le "solde primaire" - soit le solde budgétaire hors service de la dette - est excédentaire depuis près de 20 ans.

Il a admis que "quelque chose ne va pas dans notre dialogue avec la Commission", ajoutant qu'il fallait mettre un terme à une confrontation "qui n'a pas lieu d'être".

(Gavin Jones et Davide Barbuscia; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Henri-Pierre André pour le service français)