Japon : Un groupe de travail recommande d'augmenter la TVA

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(Crédits : Toru Hanai)

par Tetsushi Kajimoto

TOKYO (Reuters) - Un groupe de travail attaché au ministre des Finances Taro Aso recommande au gouvernement japonais d'augmenter comme prévu la TVA en octobre 2019, tout en s'attachant à éviter une récession sans pour autant gonfler outre mesure les dépenses publiques.

Cette proposition émanant du Conseil des prélèvements obligatoires sera au coeur des débats sur le projet de Loi de finances de 2019 qui sera rédigé par le ministère des Finances en décembre.

Le Premier ministre Shinzo Abe, dont la politique économique s'appuie sur une politique monétaire ultra-accommodante et sur un emploi des finances publiques destiné à doper la croissance, fait l'objet de pressions au sein de son propre parti pour dépenser encore plus dans des domaines tels que les grands travaux en raison d'une échéance électorale l'an prochain.

Abe peut encore compter sur la collaboration de la Banque du Japon (BoJ), dont le gouverneur Haruhiko Kuroda a déclaré mardi qu'il ne reviendrait pas sur la politique de taux négatifs à court terme car, estime-t-il, elle s'impose pour atteindre l'objectif d'une inflation de 2%.

Cette politique de taux négatifs est en place depuis 2016; la BoJ guide les taux courts vers un seuil de -0,1% et les taux longs vers zéro.

"La probabilité d'atteindre 2% d'inflation durant l'exercice 2020 est ténue", a reconnu Kuroda. "Mais la croissance des salaires et des prix accélèrera sans doute" si l'économie reste en forme et si le taux de chômage reste à un plancher record, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Abe pour sa part veut porter le taux de TVA de 8% à 10% en octobre 2019, pour autant qu'il n'y ait pas de nouveau choc économique, pour compenser les coûts des dépenses sociales et à terme atteindre l'ambitieux objectif d'équilibrer le budget d'ici 2025.

Tokyo prévoit diverses mesures pour atténuer l'impact de la hausse de la TVA, comme des incitations fiscales à l'achat d'une voiture neuve ou à l'achat immobilier ou encore des bons d'achat pour stimuler la consommation.

"Le Premier ministre Abe nous a dit de prendre toutes les mesures possibles pour soutenir l'économie et éviter de freiner la consommation intérieure", a dit Aso à la presse à l'issue du conseil des ministres.

Abe a également demandé à Aso de composer un deuxième collectif budgétaire pour couvrir des besoins urgents en matière de protection contre les catastrophes naturelles, de soutien aux PME et d'aide aux agriculteurs dans le contexte de l'accord de Partenariat trans-Pacifique.

"Les mesures (de compensation) se doivent d'être efficaces mais sans gonfler les finances publiques", écrit le Conseil dans ses recommandations au ministère des Finances.

Ces mesures de compensation figureront dans la première mouture du budget de l'exercice 2019, qui devrait dépasser les 100.000 milliards de yens (775 milliards d'euros), mais elles risquent d'augmenter une dette publique japonaise qui est déjà la plus élevée au sein des grandes puissances économiques, représentant plus du double du Produit intérieur brut (PIB).

Le budget de base de l'exercice en cours atteint 97.700 milliards de yens, la sécurité sociale et le service de la dette représentant plus de la moitié des dépenses.

Le Conseil s'est abstenu de proposer un objectif chiffré pour l'augmentation annuelle des dépenses de sécurité sociale, soulevant des interrogations sur la volonté du gouvernement de freiner l'envolée des dépenses sociales associée à une population vieillissante.

Tokyo avait fixé précédemment un plafond de 500 milliards de yens à cette augmentation des dépenses sociales.

(Avec Leika Kihara, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)