Trump est loin d'avoir gagné la guerre commerciale, selon Invesco

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(Crédits : Yuri Gripas)

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine est la principale menace qui pèse sur les marchés, qui auraient tort de penser que Donald Trump en sortira forcément vainqueur, estime Kristina Hooper, directrice de la stratégie de marché d'Invesco.

La normalisation monétaire, autre risque bien identifié par les investisseurs, entraîne davantage de volatilité, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, même si cela implique des intervenants de marché qu'ils modifient leur attitude, a-t-elle dit à Reuters.

L'avènement ou non d'un marché baissier ("bear market") dépendra surtout de l'évolution de l'affrontement commercial en cours entre les deux premières puissances économiques du monde, estime Kristina Hooper.

"Mon scénario privilégié est celui d'une détérioration de la situation sur le commerce à partir de maintenant", dit-elle.

"L'idée la plus répandue sur les marchés selon laquelle la Chine gagnera la guerre commerciale alors que les Etats-Unis la perdront est très simpliste et, je crois, erronée. Tout le monde souffrira, mais je pense que la Chine réussira à souffrir moins que les Etats-Unis, grâce aux outils dont elle dispose en matière de soutien budgétaire et parce qu'elle peut prendre des décisions sans se soucier des élections."

La politique monétaire, bien sûr, est à surveiller également, avec une interrogation sur la capacité du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, à faire évoluer la trajectoire tracée par la banque centrale américaine en fonction des indicateurs économiques, comme avait bien su le faire avant lui Janet Yellen, dit la stratège d'Invesco.

La Fed emploie simultanément deux outils puissants, la hausse des taux et la réduction de son énorme bilan, souligne Kristina Hooper, qui invite les investisseurs à se concentrer sur le deuxième levier.

"Mon espoir est que la Fed révise à la baisse le rythme de la réduction de son bilan, parce qu'à mon avis, c'est là que se situe le plus gros risque", dit-elle.

LES ACTIFS ALTERNATIFS PEUVENT SERVIR

Toujours du côté des banques centrales, Kristina Hooper rappelle que le mandat du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, dont elle loue la politique accommodante, prendra fin en octobre 2019.

"Que se passera-t-il si son successeur est moins flexible, plus "faucon" ? C'est un vrai risque", dit-elle.

Les incertitudes politiques en Europe l'inquiètent moins, dit-elle en soulignant l'absence de contagion de la crise italienne et en disant espérer que le Royaume-Uni revienne bientôt à davantage de raison.

Le "bull market" a-t-il encore de la ressource ?

"Oui, je pense qu'il peut se prolonger encore un moment", dit-elle. "Si vous regardez la politique monétaire, elle est encore assez accommodante, même si son soutien se fait moins fort, et l'environnement se prête encore à la surperformance des actifs risqués".

Le paysage global évolue cependant, avec une croissance moins synchronisée, ce qui impose aux investisseurs et aux gérants d'être plus sélectifs et plus diversifiés dans leur allocation d'actifs, dit Kristina Hooper.

"Et puis il y a une allocation qui a été un peu ignorée ces dernières années parce qu'elle n'était pas perçue comme nécessaire, ce sont les actifs alternatifs", dit-elle.

"Au moment où la volatilité grimpe, il devient plus important que jamais d'avoir une exposition adéquate à ces actifs, qu'il s'agisse de l'immobilier, des matières premières ou de l'or. Cela aide à atténuer les secousses et offre un profil risque-rendement différent".

(édité par Blandine Hénault)