Couvre-feu instauré à La Réunion, bloquée par les "Gilets jaunes"

reuters.com  |   |  494  mots
Couvre-feu instaure a la reunion, bloquee par les gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

SAINT-DENIS (Reuters) - Le préfet de La Réunion a instauré mardi une mesure d'interdiction de circuler de 21h00 à 06h00 dans la moitié des communes de l'île, bloquée par de nombreux barrages routiers dressés par des "Gilets jaunes".

Ce couvre-feu, qui entre en vigueur mardi soir pour trois nuits, doit "permettre aux forces de l'ordre de se concentrer sur leur mission de sécurisation", a précisé Amaury de Saint-Quentin.

Depuis samedi 17 novembre, plusieurs villes réunionnaises sont le théâtre de pillages et de diverses violences urbaines à partir de la nuit tombée. Plusieurs supermarchés et autres commerces ont été attaqués dans la nuit de lundi à mardi, notamment à Saint-Denis, le chef-lieu.

Le préfet de La Réunion a durci le ton envers les "Gilets jaunes", déclarant lors d'un point de presse que "le rétablissement de la liberté de circulation était sa priorité".

Les renforts de gendarmes mobiles arrivés de Mayotte et de métropole lundi et mardi "lui permettent d'engager des actions dans ce sens", a-t-il souligné.

La Réunion vit au ralenti depuis l'apparition des premiers barrages routiers, samedi. Mardi, l'ensemble des établissements scolaires, la plupart des commerces et des stations-service, ainsi que des services publics, sont fermés.

Le dépôt de carburant de l'île est bloqué par des manifestants depuis lundi. Le port de commerce, dont l'accès est bloqué depuis hier, est paralysé.

Trois escales de paquebot de croisière ont été annulées et les compagnies aériennes bouleversent leurs programmes de vol en raison du barrage filtrant dressé depuis samedi devant l'aéroport Roland-Garros de Saint-Denis. Les deux usines sucrières de l'île sont également à l'arrêt depuis samedi.

Le préfet de La Réunion annonce également l'ouverture de discussions avec divers collectifs de manifestants, aux revendications très disparates, mais aussi avec les élus locaux, les acteurs économiques et les syndicats, à partir de mardi après-midi.

Dans un communiqué, le Medef "appelle au retour au calme et à la responsabilité de tous". "L'activité économique est d'ores et déjà touchée par ce mouvement incontrôlé", peut-on lire. "Cette crise risque de lourdement toucher les entreprises de La Réunion et de mettre un coup de frein brutal à la dynamique de croissance."

Dans une lettre adressée au chef de l'Etat, la députée de La Réunion Nadia Ramassamy (apparentée LR) déplore pour sa part un "état quasi insurrectionnel" marqué par des affrontements violents entre groupes de jeunes et forces de l'ordre, qui s'ajoutent aux blocages des "Gilets jaunes".

"Monsieur le président, je vous demande de prendre en compte avec la plus grande attention les revendications du mouvement des 'Gilets jaunes' et les violences actuelles sur l'Île, qui viennent se greffer sur une situation économique et sociale déjà dégradée", écrit l'élue.

(Bernard Grollier, avec Julie Carriat, édité par Sophie Louet et Yves Clarisse)