Madrid votera contre l'accord sur le Brexit si la partie sur Gibraltar n'est pas amendée

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Madrid votera contre l'accord sur le brexit si la partie sur gibraltar n'est pas amendee[reuters.com]
(Crédits : Youssef Boudlal)

MADRID (Reuters) - Le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a annoncé mardi qu'il voterait contre le projet d'accord sur le Brexit si la partie du texte concernant Gibraltar n'est pas amendée.

"A ce jour, s'il n'y a pas de changements concernant Gibraltar, l'Espagne votera contre l'accord sur le Brexit", a-t-il prévenu lors d'une conférence à Madrid.

Si lors du Conseil européen de dimanche "l'accord de Brexit ne reconnaît pas que le cas de Gibraltar doit être négocié directement entre l'Espagne et le Royaume-Uni, notre gouvernement ne l'acceptera pas", a insisté Pedro Sanchez sur Twitter.

"Le fait que notre gouvernement, qui est pro-européen, se retrouve dans cette situation prouve qu'il y a quelque chose qui ne va pas à Bruxelles."

L'exigence de l'Espagne, dit-on de source diplomatique, ne risque toutefois pas de faire capoter un accord potentiel car l'accord de retrait doit être adopté à la majorité qualifiée https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:12016M050 des Etats membres et non à l'unanimité.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont attendus dimanche à Bruxelles pour un sommet extraordinaire https://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/2018/11/25 où ils doivent approuver le projet d'accord de retrait conclu la semaine dernière entre les négociateurs de Londres et de Bruxelles.

Gibraltar, territoire britannique depuis 1713, doit quitter l'Union avec le reste du Royaume-Uni fin mars 2019, alors que sa population a voté à 96% contre le Brexit lors du référendum de juin 2016.

A son arrivée lundi à Bruxelles pour une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l'Union, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell, avait souligné que l'accord de Brexit devait reconnaître sans ambiguïté le cas particulier que constitue Gibraltar, à l'extrémité sud de l'Espagne.

Le "Rocher" jouxte la région espagnole d'Andalousie, où des élections locales auront lieu le 2 décembre. Plusieurs milliers d'Espagnols se rendent chaque jour à Gibraltar pour y travailler.

Le ministre en chef de Gibraltar, Fabian Picardo, a regretté lundi dans un communiqué la position de Madrid.

"Ce n'est pas une surprise de voir Madrid soulever à la dernière minute de nouvelles questions sur Gibraltar (...) C'est une tactique habituelle de l'Espagne depuis qu'elle est dans l'UE", a-t-il dit.

A Bruxelles, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a rappelé que l'Union avait accepté l'an dernier qu'après le Brexit "aucun accord entre l'UE et le Royaume-Uni ne pourra s'appliquer au territoire de Gibraltar sans accord entre le Royaume-Uni et le royaume d'Espagne".

(Belen Carreno; Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)