Le gouvernement dénonce une "dérive" des "Gilets jaunes"

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Le gouvernement denonce une derive des gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a durci mardi le ton envers les "Gilets jaunes", et accusé l'opposition d'attiser la colère populaire, au quatrième jour d'une mobilisation contre la hausse des prix des carburants marquée par des éruptions de violence.

Emmanuel Macron, en déplacement en Belgique, a prôné "dialogue" et "explication" sans laisser entendre que d'autres mesures pourraient être envisagées pour répondre aux revendications des manifestants.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a réaffirmé devant les députés de La République en Marche que l'exécutif ne dévierait pas de son cap, convaincu que "la répétition des mêmes recettes ne (...) permettrait pas de sortir de la situation".

"On se fait engueuler, la situation est tendue, et on ne sait pas comment ça va évoluer", a-t-il toutefois déclaré selon un participant à la réunion.

"Tenir sans zigzaguer une promesse qui a été faite aux Français, c'est tout à fait sain pour la démocratie", a-t-il ajouté à l'Assemblée, en réponse au chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui exhortait le gouvernement à rétablir la justice sociale "si l'on veut que revienne l'ordre".

La circulation restait perturbée en France en plusieurs points du réseau routier.

A 15h00, Vinci signalait une tendance à l'amélioration sur le réseau autoroutier mais des ralentissements et blocages subsistaient sur les accès et les sorties des autoroutes A7, A8, A9, A10, A11, A20, A28, A61, A62 et A71. Plusieurs échangeurs restaient fermés à la circulation sur décision préfectorale.

A La Réunion, le préfet a décidé mardi d'instaurer une mesure d'interdiction de circuler de 21h00 à 06h00 dans la moitié des communes de l'île, bloquée par de nombreux barrages des "Gilets jaunes".

Mais depuis la matinée de mardi, une vingtaine de sites stratégiques ont été débloqués par les forces de l'ordre, a-t-on appris auprès du ministère de l'Intérieur.

"JE NE CROIS PAS AUX GESTES"

Les dépôts pétroliers de Lapalisse (Allier), Lorient (Morbihan), Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), ainsi que la base logistique de Saint-Etienne-de-Montluc en Loire-Atlantique - qui dessert 80 supermarchés - et le périphérique de Caen ont notamment été débloqués.

Les forces de l'ordre sont intervenues dans les Bouches-du-Rhône pour libérer les accès au port pétrolier de Fos-sur-Mer et à la raffinerie Total de La Mède. Le dépôt pétrolier de Fos, occupé depuis lundi matin, a été débloqué par la suite.

Christophe Castaner a réaffirmé sur France 2 que les dépôts seraient "systématiquement" libérés par les forces de sécurité.

"Aujourd'hui, on voit bien qu'on a une dérive totale d'une manifestation qui pour l'essentiel était bon enfant samedi", a-t-il déclaré sur France 2, déplorant "une radicalisation avec des revendications qui (...) vont dans tous les sens".

Preuve selon lui d'une dérive, le bilan des policiers et gendarmes blessés depuis samedi s'établit à 92, dont 17 graves.

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a dit prendre la mesure des inquiétudes exprimées mais a exclu un geste fiscal de circonstance.

"Moi je ne crois pas aux gestes, je crois à la constance d'une politique et à l'obstination d'obtenir des résultats pour les Français", a-t-il souligné. "Le geste, qu'est-ce que ce serait? Ce serait de redonner un centime ici, deux centimes là?"

A l'Assemblée, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a fustigé la "démagogie" des élus Les Républicains ainsi que du Rassemblement national soutenant le mouvement. "Il y a ceux qui veulent mettre effectivement de l'essence et du diesel dans le feu qui se consume dans le pays et il y a ceux qui veulent éteindre l'incendie", a-t-il dit.

Le député (Les Républicains) Damien Abad a accusé sur BFM TV le gouvernement de "jouer le pourrissement" tandis que la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, accusait sur Twitter le ministre de l'Intérieur de chercher à "radicaliser" le mouvement "en inversant les responsabilités".

(Sophie Louet avec Myriam Rivet, Elizabeth Pineau, Julie Carriat et Jean-Baptiste Vey, et les correspondants en régions, édité par Yves Clarisse)