Trump exclut la fermeté à l'égard de l'Arabie saoudite

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Trump envisage l'implication de mbs dans l'affaire khashoggi[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a déclaré mardi qu'il n'entendait pas prendre le risque de détruire l'économie mondiale en faisant preuve de fermeté à l'égard de l'Arabie saoudite dont le prince héritier Mohammed ben Salman est soupçonné par la CIA d'être le commanditaire de l'assassinat de l'opposant Jamal Khashoggi.

Le président américain a fait cette déclaration devant la presse, se montrant déterminé à maintenir ses relations actuelles avec les Saoudiens malgré les appels de parlementaires démocrates et républicains à se montrer plus intransigeant avec le régime de Ryad.

Pour justifier son attitude, Donald Trump a expliqué que l'Arabie saoudite aidait les Etats-Unis à maintenir les prix du pétrole à un bas niveau.

Il a également affirmé que la CIA n'avait pas établi avec une certitude absolue la responsabilité de Mohammed ben Salman (MbS) dans le meurtre de Khashoggi, tué et démembré dans locaux du consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre.

Le président américain a dit qu'il rencontrerait "MbS" lors du sommet du G20 en Argentine.

Après plusieurs jours de tergiversations, Donald Trump a dû clarifier sa position à l'égard du régime saoudien et, s'il a admis que le prince héritier "ait pu avoir eu connaissance" de l'assassinat de l'opposant, cela ne suffisait pas à remettre en cause les relations entre les Etats-Unis et le royaume saoudien.

Donald Trump a une nouvelle fois mis en doute les conclusions de ses agences de renseignement bien que la CIA soit parvenue, "avec un haut degré de certitude", à la conclusion que Mohammed ben Salman était le commanditaire de l'assassinat.

Dans un communiqué diffusé par la Maison blanche, Trump a d'abord rappelé que le roi Salman d'Arabie saoudite et MbS avaient "vigoureusement démenti avoir eu connaissance de la préparation et de l'exécution du meurtre".

Puis, il a expliqué que la vérité ne serait peut-être jamais connue dans cette affaire.

"Nos services de renseignement continuent d'examiner les informations, mais il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique - peut-être est-ce le cas et peut-être pas !" indique le communiqué.

Pour le président américain, l'essentiel est que les Etats-Unis demeurent un "partenaire fiable" de l'Arabie saoudite afin de protéger les intérêts américains et israéliens au Moyen-Orient.

"Le royaume (saoudien) a accepté de dépenser et d'investir 450 milliards de dollars aux Etats-Unis. Sur ces 450 milliards de dollars, 110 milliards seront consacrés à l'achat d'équipements militaires auprès de Boeing, Lockheed Martin, Raytheon et de nombreux autres grands contractants de la défense américaine", poursuit le texte.

"Si nous commettons la folie d'annuler ces contrats, la Russie et la Chine en seraient les grands bénéficiaires", affirme le président américain.

CONTENIR L'IRAN AU MOYEN-ORIENT

L'autre préoccupation avancée par Donald Trump pour refuser une condamnation du régime saoudien est le rôle que joue l'Iran au Moyen-Orient, au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban.

Le communiqué du président américain commence par ce sujet, l'Iran étant qualifié de "principal soutien mondial du terrorisme".

"Les Etats-Unis entendent demeurer un partenaire fiable de l'Arabie saoudite pour garantir les intérêts de notre pays, d'Israël et de tous les autres partenaires dans la région", explique le texte.

Le président américain a ajouté que le Congrès, où les démocrates ont repris la majorité à la Chambre des représentants, pouvait "s'engager dans une direction différente" mais a prévenu qu'il ne prendrait en compte que les propositions "conformes" à la sécurité nationale américaine.

Donald Trump a rappelé que les Etats-Unis avaient adopté des sanctions contre 17 ressortissants saoudiens impliqués dans l'assassinat de Jamal Khashoggi.

Rapportées par le Washington Post, les conclusions de la CIA sont à ce jour l'assertion la plus formelle associant "MbS" à la mort de Khashoggi, tué dans l'enceinte du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul (Turquie) le 2 octobre dernier.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al Djoubeïr a rejeté "entièrement" ces conclusions.

Cette position de Donald Trump a été critiquée par les parlementaires démocrates qui ont appelé mardi à un arrêt de l'aide américaine au régime saoudien.

(David Alexander; Pierre Sérisier pour le service français)