La Banque du Canada va réévaluer les bases de sa politique

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(Crédits : Chris Wattie)

OTTAWA (Reuters) - La Banque du Canada va réévaluer sa politique monétaire et elle est disposée à y apporter des changements importants, y compris en abandonnant la fixation d'un objectif chiffré d'inflation, a déclaré mardi Carolyn Wilkins, sa première sous-gouverneure.

Ce réexamen sera achevé au plus tard fin 2021, lorsqu'arrivera à son terme l'accord quinquennal de maîtrise de l'inflation conclu entre la banque centrale et le gouvernement fédéral.

Depuis 23 ans maintenant, l'objectif d'inflation de la Banque du Canada est fixé à 2%.

Dans un discours prononcé à l'Université McGill de Montréal, Carolyn Wilkins a reconnu que cette stratégie avait "sans aucun doute favorisé le bien-être économique et financier des Canadiens".

"Les dix années d'expérience accumulées depuis la crise nous ont toutefois enseigné qu'il n'est pas parfait. Il est temps de réévaluer les autres options", a-t-elle ajouté.

Elle a expliqué que l'estimation par la banque centrale du taux d'intérêt nominal neutre était plus bas qu'avant la crise, ce qui réduit les marges de manoeuvre permettant à la politique monétaire de contrer un éventuel ralentissement économique.

Cette évolution du taux neutre implique aussi selon elle que les ménages et les investisseurs peuvent être encouragés à prendre des risques excessifs.

Certains économistes, a poursuivi Carolyn Wilkins, ont suggéré de relever l'objectif d'inflation pour le porter par exemple à 3% ou 4%. Mais des recherches menées par la banque centrale ont conclu que l'ensemble de la population serait touchée par une inflation plus forte, et particulièrement les personnes à faibles revenus, a-t-elle dit.

Autre risque d'un tel relèvement: les acteurs de l'économie pourraient en conclure que l'objectif serait susceptible d'être de nouveau relevé, ce qui nuirait à la crédibilité de la banque centrale.

"Le prix à payer pour accroître la marge de manoeuvre en matière d'instruments traditionnels en période de turbulence semblait trop élevé", a-t-elle souligné.

Une autre possibilité serait de fixer un objectif pour le niveau global des prix au lieu d'un taux d'inflation, ce qui laisserait à la banque centrale la possibilité de compenser un ralentissement passager ou une accélération momentanée.

Cette option pourrait améliorer l'efficacité de la politique monétaire mais à condition que ce nouveau régime soit "à la fois compris et crédible", a-t-elle jugé.

Elle a aussi évoqué la possibilité d'un mandat double mêlant par exemple inflation et emploi, et celle d'un objectif de taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), ajoutant que ces hypothèses nécessitaient "une étude plus approfondie".

(David Ljunggren; Marc Angrand pour le service français)