Kingfisher toujours plombé par Castorama, le titre recule

reuters.com  |   |  703  mots

par James Davey

LONDRES (Reuters) - Kingfisher, deuxième chaîne européenne de magasins de bricolage, a une nouvelle fois fait état mercredi de piètres performances commerciales de son enseigne française Castorama tout en annonçant son intention de quitter la Russie, l'Espagne et le Portugal.

Ces annonces pèsent sur le cours de Bourse du groupe britannique, devancé par le français Adeo - qui détient entre autres enseignes Leroy Merlin et Weldom - en Europe, les investisseurs s'interrogeant sur l'efficacité de son plan censé augmenter ses bénéfices.

Le propriétaire des enseignes B&Q et Screwfix en Grande-Bretagne et Castorama et Brico Dépôt en France en est à la troisième année d'un plan quinquennal visant à accroître le bénéfice annuel de 500 millions de livres (562 millions d'euros) à partir de 2021. Mais sur le seul exercice 2018-2019, ce bénéfice est vu en baisse.

Vers 10h40 GMT, le titre Kingfisher reculait de 3,25% à 238,3 pence à la Bourse de Londres, accusant l'une des plus fortes baisses de l'indice Stoxx 600 et portant son repli depuis le début de l'année à près de 30% contre un recul de 9,5% pour l'indice paneuropéen sur la période.

Le chiffre d'affaires total du groupe a augmenté de 1,2% sur le troisième trimestre, clos le 31 octobre, de son exercice fiscal, à 3,04 milliards de livres. Mais les ventes à magasins constants ont baissé de 1,3%, en raison surtout d'une chute de 7,3% des ventes dans les magasins Castorama en France.

Malgré une politique de baisse des prix et la remise en plat de ses méthodes commerciales, Véronique Laury, directrice générale de Kingfisher, a déclaré qu'elle n'avait pas la "solution miracle" pour régler les problèmes de Castorama.

APPELS À UN DÉMANTÈLEMENT ?

"Nous pensons que le plan de transformation de Kingfisher ne se traduira pas par les améliorations de marges prévues donc il y aura peut-être de nouveaux appels au démantèlement de l'entreprise. En attendant, des ajustements concernant la marge seront peut-être nécessaires", a déclaré Richard Chamberlain, analyste chez RBC.

"Castorama devrait continuer à perdre des parts de marché au bénéfice de Leroy Merlin en raison de produits standardisés qui ne parlent pas aux clients."

Les analystes financiers avaient anticipé pour Castorama un recul plus limité, d'environ 3%, des ventes comparables.

Véronique Laury a déclaré que les perspectives de rentabilité pour Castorama étaient plus incertaines étant donné les conditions de marché difficiles et l'impact de "mouvements de contestation nationale en cours" en France.

Des manifestants, regroupés sous l'appellation "Gilets jaunes", protestent depuis le 17 novembre contre la hausse du prix des carburants, menant notamment des actions de blocage d'axes routiers à travers la France.

Le plan d'amélioration de la rentabilité de Kingfisher, qui coûtera au groupe 800 millions de livres, prévoit une unification des gammes de produits dans les différentes enseignes, des mesures d'efficacité de ses procédures et un développement du commerce électronique.

"Nous restons déterminés à poursuivre la mise en oeuvre de notre plan et à bâtir une activité solide pour le long terme. Dans le cadre de cet engagement, nous avons décidé de quitter la Russie, l'Espagne et le Portugal", a poursuivi Véronique Laury.

Ces trois pays représentent ensemble environ 7% du chiffre d'affaires total du groupe, la Grande-Bretagne, la France et la Pologne contribuant ensemble à quelque 90% des ventes.

Les magasins B&Q ont vu leurs ventes constantes reculer de 2,9% au troisième trimestre tandis que celle de Screwfix ont progressé de 4,1%.

Kingfisher a fait état d'une hausse de 40 points de base de sa marge brute sur le troisième trimestre, ajoutant que, pour l'ensemble de l'exercice, cette marge devrait progresser en Grande-Bretagne, en Pologne et dans son enseigne Brico Dépôt.

Avant ces annonces de mercredi, les analystes anticipaient en moyenne un bénéfice courant imposable de 741 millions de livres pour l'exercice 2018-2019, à comparer au total de 797 millions de 2017-2018. Cette prévision moyenne est susceptible d'être abaissée de 5% à la lumière des éléments du troisième trimestre.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Bertrand Boucey)