PARIS (Reuters) - Le député du Nord Fabien Roussel devrait succéder en douceur au sénateur Pierre Laurent comme secrétaire national du Parti communiste français (PCF) lors d'un congrès organisé le week-end prochain à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Chef de file du PCF depuis huit ans, Pierre Laurent devrait conserver une place dans les instances dirigeantes, sans doute à la présidence du Conseil national, "Parlement" d'un parti soucieux de rester uni malgré les divergences de vues.

L'hypothèse d'un partage de la direction avec Fabien Roussel, ancien journaliste de 49 ans député de la 20e circonscription du Nord, a été évoquée par Pierre Laurent lui-même dans un entretien publié lundi dans L'Humanité.

"Je fais une proposition : que nous partagions la conduite de la liste. Personnellement, j'accepterai le choix de la commission et du congrès sur la répartition proposée", déclarait le sénateur de Paris.

Ce changement d'ère devrait être entériné dimanche via le vote de quelque 30.000 militants à jour de cotisation sur une liste discutée et amendée pendant le congrès.

Cette liste unique où figure à la fois les noms de Pierre Laurent et de Fabien Roussel permet d'éviter le scénario redouté de divisions exprimées le 6 octobre dernier à l'occasion d'un vote des adhérents qui avait mis en minorité le texte de direction au bénéfice du "manifeste du Parti communiste du XXIe siècle" signé par Fabien Roussel et André Chassaigne, chef de file des communistes à l'Assemblée nationale.

"En définitive, la grande majorité des congressistes vont se retrouver sur un texte commun qui sera très largement voté. Ils vont se retrouver avec un secrétaire national qui sera Fabien Roussel et qui aura à ses côtés d'autres dirigeants, y compris Pierre Laurent", a déclaré André Chassaigne mardi à Reuters.

"LE DIALOGUE N'EST FERMÉ AVEC PERSONNE"

"Ce n'est pas un combat d'ego, mais une démarche qui fait que je suis persuadé qu'on sortira plus forts de ce congrès et absolument pas clivés", a ajouté l'élu du Puy-de-Dôme, l'un des 11 députés communistes du Palais-Bourbon.

Le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel s'est déclaré pour sa part attaché à ce que le groupe reste "solide, solidaire, fraternel, actif, utile aux gens".

"Il y a une famille communiste à laquelle il faut veiller comme à la prunelle de nos yeux et il y a une diversité qui fait la richesse de notre mouvement", a-t-il ajouté.

Sous l'ère Pierre Laurent, les rapports entre le PCF et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ont été compliqués. Les deux camps ne feront pas liste commune pour les élections européennes de mai 2019, pour lesquelles l'adjoint à la mairie de Paris Ian Brossat a été désigné comme chef de file côté PCF.

Pour autant, "le dialogue n'est fermé avec personne, y compris La France insoumise", assure André Chassaigne.

"Pour qu'un rassemblement soit réussi avec d'autres forces de gauche, il faut se muscler, jouer notre basket (...) Cela ne peut pas être des constructions d'appareils. Avant tout il faut qu'on se rassemble sur le terrain", a-t-il expliqué.

Un rapprochement entre le mouvement Génération.s de Benoît Hamon, souhaité par l'ancien candidat socialiste à la présidentielle, est au menu des discussions du Congrès d'Ivry-sur-Seine.

(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)