Cinquième jour de violences à La Réunion malgré un couvre-feu

reuters.com  |   |  576  mots

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION (Reuters) - De nouveaux affrontements entre manifestants et gendarmes mobiles ont eu lieu mercredi à La Réunion, à proximité du dépôt pétrolier du port d'où avaient été délogés les "Gilets jaunes", malgré le couvre-feu instauré par le préfet de l'île.

Le département français de l'océan Indien vit sa cinquième journée de barrages routiers et de violences. Dans la nuit de mardi à mercredi, malgré le couvre-feu, des groupes de jeunes ont pillé des commerces dans plusieurs communes de l'île, bravant la forte présence des fortes de l'ordre.

Lors de ces affrontements dans le quartier du Chaudron, à Saint-Denis, le commandant du Groupement d'intervention de la police nationale, Gérald Sein, a été grièvement blessé par l'explosion d'une grenade qu'il manipulait dans son véhicule.

Au total, trente membres des forces de l'ordre - 16 policiers et 14 gendarmes - ont été blessés, a annoncé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux lors du compte rendu du conseil des ministres à Paris.

Il y a eu "109 interpellations", "une cinquantaine de barrages, un millier de manifestants, 120 gendarmes et 107 policiers déployés" et "un escadron de 80 gendarmes décollent ce soir de Paris" en renfort, a-t-il ajouté.

"Ces violences sont le fait de bandes de jeunes gens qui n'ont rien à voir avec le mouvement dit des 'Gilets jaunes' et leur objectif c'est de profiter d'un mouvement social pour piller, pour saccager, pour détruire", a-t-il dit.

Face à "ces jeunes", la "fermeté de l'Etat sera au rendez-vous", a prévenu de son côté la ministre des Outre-Mer Annick Girardin lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.

PAS DE NOUVELLES MESURES D'URGENCE

Sur l'île, la vie économique est en grande partie paralysée. L'accès au port de commerce est bloqué et le trafic aérien fortement perturbé, même si le barrage routier dressé depuis samedi devant l'aéroport de Saint-Denis a été levé mardi soir par les forces de l'ordre.

Des écoles maternelles à l'université, l'enseignement est à l'arrêt. Mercredi matin, les quelques grandes surfaces qui ont brièvement ouvert leurs portes à Saint-Denis ont été prises d'assaut, a constaté le correspondant de Reuters, alors que les réserves alimentaires des ménages s'amenuisent.

Plus de 40% de la population vit sous le seuil de la pauvreté à la Réunion, une île frappée par un taux de chômage record (23%) et secouée par plusieurs mouvement sociaux depuis 2009 autour de la question de la "vie chère".

Mardi soir, le président du Conseil régional Didier Robert a annoncé le report en 2022 de l'augmentation des taxes sur les carburants. Une quarantaine d'élus a pour sa part transmis au ministère des Outre-mer dix propositions touchant à l'amélioration du pouvoir d'achat, à l'insertion des jeunes et à l'emploi.

"Les revendications exprimées à la Réunion ont été entendues à maintes reprises, la plupart de réponses se trouvent déjà dans le livre bleu des Outre-Mer", présenté en juin et qui comprend notamment une réforme des aides aux entreprises en faveur de l'emploi, a souligné Benjamin Griveaux.

"A force de faire des réponses d'urgence à des situations urgentes, on a 30 ans après des situations urgentes", a-t-il déclaré. "Il faut arrêter de penser que parce qu'on aura éteint un incendie, mis la poussière sous le tapis, ça ne se réveillera pas dans 6, 12 ou 18 mois.

(Bernard Grollier, avec Marine Pennetier à Paris, édité par Yves Clarisse)