Mondial 2022 : Plaintes de deux ONG contre Vinci et sa filiale qatarie

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Plaintes de deux ong contre vinci et sa filiale qatarie[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Deux ONG, le Comité contre l'Esclavage Moderne (CCEM) et Sherpa, ont annoncé jeudi le dépôt à Paris d'une plainte contre le groupe Vinci sur les conditions dans lesquelles sont construites les infrastructures de la Coupe du monde de football de 2022 au Qatar.

Cette procédure vise également la branche Vinci Construction Grands Projets (VCGP), la filiale qatarie Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) ainsi que leurs représentants

Six anciens employés indiens et népalais sont associés à cette plainte pour travail forcé, réduction en servitude, traite d'êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel, précisent les ONG dans un communiqué.

Une première plainte déposée par Sherpa le 24 mars 2015 avait été classée sans suite le 31 janvier 2018. L'organisation humanitaire avait déposé une plainte avec constitution de partie civile le 25 septembre 2018 avec un témoin anonyme cité dans la plainte initiale de 2015.

La nouvelle plainte fait suite à une enquête de Sherpa en Inde, en septembre 2018, "qui a permis de réunir de nouveaux éléments et témoignages qui viendraient confirmer la première enquête de l'ONG menée en 2014 au Qatar", lit-on dans le communiqué.

"Les conditions de travail des employés de Vinci ont été améliorées à la suite de la procédure judiciaire de 2015 et de l'enquête de l'OIT", écrit Sherpa. "Cependant, cet impact positif ne saurait gommer la réalité des infractions dénoncées que la justice devra examiner puisque les faits ne sont pas prescrits."

Selon une porte-parole de l'organisation, les faits incriminés remontent à la période 2014-2016.

Les deux organisations humanitaires font état de la confiscation des passeports de travailleurs migrants contraints de travailler "entre 66 et 77 heures par semaine" pour "des rémunérations sans rapport avec le travail fourni", logés dans des conditions sommaires, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications, sans équipements suffisants pour les protéger, notamment de la chaleur (entre 40°C et 50°C en été), qui aurait "provoqué un nombre anormalement élevé de décès" sur ces chantiers.

"Le salaire minimum des travailleurs migrants correspond à moins de 2% du salaire moyen Qatari. Les travailleurs plaignants ou témoins sont payés entre 50 centimes et 2 euros par heure travaillée", lit-on encore dans le communiqué.

Vinci, cité par Le Parisien dans son édition de jeudi, "réfute, hier comme aujourd'hui, toutes les allégations de Sherpa" et ajoute qu'il a "toujours ouvré en faveur de l'amélioration des conditions de travail au Qatar".

(Emmanuel Jarry, édité par Simon Carraud)