Allemagne : Les données de centaines d'hommes politiques diffusées

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Plusieurs partis politiques allemands victimes d'un piratage[reuters.com]
(Crédits : Kacper Pempel)

par Tassilo Hummel et Hans-Edzard Busemann

BERLIN (Reuters) - Les données personnelles de plusieurs centaines de personnalités et de responsables politiques allemands ont été publiées sur internet, ce qui a tout l'air d'une des plus importantes cyberattaques dans un pays qui est d'ores et déjà la cible privilégiée des hackers.

Le ministère de l'Intérieur a dit ignorer si l'incident relevait bel et bien d'une cyberattaque ou procédait plutôt d'une fuite.

La chancelière Angela Merkel elle-même a été touchée, mais d'après un premier examen, aucune donnée sensible de la chancellerie fédérale n'a été mise en ligne, a déclaré Martina Fietz, porte-parole du gouvernement.

Selon des médias allemands, un numéro de fax et deux adresses électroniques utilisés par la chancelière ont été rendus publics.

L'Office fédéral de la sécurité des technologies (BSI) a tenu vendredi matin une réunion après l'annonce de l'incident, afin de coordonner la réaction des services fédéraux, dont les agences de renseignement intérieur et extérieur.

Les autorités allemandes, rapporte le journal Bild, ont demandé à l'agence américaine NSA (National security agency) de leur prêter main-forte pour déterminer l'origine de ces publications.

Les forces armées allemandes n'ont pas été touchées, a déclaré le ministère de la Défense. Selon Bild, qui cite des sources proches du BSI, le réseau informatique du gouvernement fédéral n'a pas été non plus affecté.

FUITE "ALARMANTE, PAS SURPRENANTE"

Les sept partis représentés au Bundestag, à l'exception de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne, extrême droite) ont en revanche été touchés, a indiqué le BSI. Les données en question sont notamment des numéros de téléphones portables ou des informations sur des cartes bancaires.

Un porte-parole du parti du gauche Die Linke a confirmé que plusieurs de ses membres figuraient parmi les personnes touchées. Dietmar Bartsch, président du groupe Die Linke au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, figure parmi les victimes, a-t-il précisé.

"Quels que soient les responsables, ils veulent intimider la classe politique. Ils ne réussiront pas", a déclaré Lars Klingbeil, secrétaire général du SPD (sociaux-démocrates), membre de la grande coalition au pouvoir.

"La fuite de données touchant des centaines d'hommes politiques allemands est alarmante, mais pas surprenante pour autant", a déclaré Mike Hart, de la société de cybersécurité FireEye. "Elle souligne la nécessité pour le gouvernement de prendre la cybersécurité très au sérieux".

Si ces publications proviennent bel et bien d'une cyberattaque, il s'agira de la dernière en date d'une série d'attaques du même type contre les institutions politiques et des personnalités allemandes.

L'an dernier, une puissante cyberattaque avait visé les ordinateurs du ministère des Affaires étrangères.

Les responsables de la sécurité ont imputé la majeure partie des cyberattaques antérieures à un groupe de hackers russes, APT28, qui, selon les experts, est étroitement lié à un service de renseignement russe. Ce même groupe, selon les experts en sécurité, a mené une cyberattaque avant l'élection présidentielle américaine de novembre 2016.

(Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)