PARIS (Reuters) - Las, moroses et méfiants pour l'avenir, les Français se disent néanmoins très attachés à la démocratie comme mode de gouvernement et estiment que les Gilets jaunes sont un mouvement positif pour elle, selon le baromètre annuel du Cevipof (SciencesPo) réalisé par OpinionWay et publié vendredi.

Tout en étant désenchantés - près des deux tiers des sondés (59%) disent ne pas avoir confiance en l'avenir -, les Français sont volontaristes. Ils estiment à 74% pouvoir changer la société par leurs choix et leurs actions; ils étaient toutefois 81% à le penser en décembre 2009.

Ils affirment soutenir tout à fait (31%) ou plutôt (29%) le mouvement des Gilets jaunes et estiment à 72% que c'est un mouvement qui porte les revendications de nombreux Français et représente plutôt un renouvellement de la démocratie.

Ils sont 66% à estimer avoir réussi leur vie et 12% à penser le contraire. Près de la moitié des sondés (49%) estiment avoir des conditions de vie meilleures que leurs parents au même âge et 24% moins bonnes. Ils sont 60% à estimer que la situation économique s'est peu ou prou dégradée.

Les Français s'intéressent à la politique pour 53% d'entre eux (+2 points sur un an). Ils sont 86% à dire qu'un système démocratique est une bonne façon de gouverner, plutôt qu'un schéma où les citoyens gouvernement directement (56%).

Mais ils estiment à 70% que les questions "importantes" devraient faire l'objet d'un référendum et à 72% que des référendums à leur initiative seraient une bonne chose.

Ils sont 70% à considérer que la démocratie fonctionne pas très bien ou pas bien du tout, alors qu'ils étaient moins de la moitié (48%) à le penser en décembre 2009. Et ils sont 63% à dire avoir peu ou pas confiance dans le gouvernement pour prendre de bonnes décisions. Aucune des personnalités politiques les plus en vue n'a une cote de confiance supérieure à 25%.

HONNÊTETÉ

La première qualité attendue d'un responsable politique est l'honnêteté (62%) avant la tenue des promesses (44%). Elus et dirigeants politiques sont en général considérés comme "plutôt corrompus" (72%), chiffre en léger déclin au fil des ans.

Quant aux institutions, plus elles sont proches, comme les conseil municipaux, plus elles suscitent la confiance. La présidence, le gouvernement suscitent une faible adhésion respectivement de 23% (-10 points) et de 22% (-8 points).

Seuls 9% des électeurs disent faire confiance aux partis politiques, juste après les réseaux sociaux 13%, les médias (23%) les banques et les syndicats (27% chacun).

En matière de justice sociale, ils sont plutôt d"'accord (69%, +14 pts) avec la phrase : "pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres". Ils souhaitent que le système capitaliste soit réformé en profondeur (49%) ou au moins sur quelques points (41%).

Il ne sont que 23% à penser qu'il faut supprimer la loi sur le mariage homosexuel mais sont toujours 60% à estimer que l'islam représente une menace pour la République.

L'étude a été réalisée du 13 au 24 décembre auprès de 2.116 personnes inscrites sur les listes électorales issues d'un échantillon de 2.251 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

(Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)