Grand débat : Syndicats et patronat veulent un changement de cap

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Grand debat: syndicats et patronat veulent un changement de cap[reuters.com]
(Crédits : Pool)

PARIS (Reuters) - Les organisations syndicales et patronales reçues vendredi par Edouard Philippe ont insisté sur la nécessité que le grand débat national, lancé la semaine prochaine dans l'espoir de mettre un terme à la crise des "Gilets jaunes", se traduise par un changement de cap de l'exécutif.

Pour la CFDT notamment, ce dernier doit changer d'attitude en reconnaissant enfin le rôle des corps intermédiaires. Pour la CFE-CGC, ce débat ne règlera pas le vrai problème, qui est selon elle la difficulté de vivre bien avec un salaire.

Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a quant à lui insisté sur la nécessité d'actions rapides comme l'arrêt des suppressions de postes dans la fonction publique, le relèvement des salaires des fonctionnaires et l'abandon des exigences d'économies sur l'assurance chômage.

Evoquant l'assurance chômage et la réforme de l'Etat, Edouard Philippe avait au contraire promis jeudi de "frapper vite, frapper fort", lors d'un discours en Allemagne.

Côté patronat, la CPME a dit qu'elle présenterait le 30 janvier au Premier ministre une synthèse des consultations effectuées par ses branches territoriales, l'U2P (artisans) menant quant à elle des consultations dont les conclusions seront présentées au gouvernement début mars.

"Surtout, il faut que ce débat serve à quelque chose", a dit le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, aux journalistes à l'issue de la rencontre à Matignon.

"GRENELLE DU POUVOIR DE VIVRE"

Il a mis en garde contre la possibilité "que ce débat serve à aller encore plus loin dans ce qu'a été la réalité malheureuse de ces 18 derniers mois, c'est-à-dire une tentation de se passer des corps intermédiaires".

"Nous avons demandé qu'à l'issue de ce débat s'organise une sorte de 'Grenelle' du pouvoir de vivre, qui reprendrait, sur les thèmes du débat, des propositions concrètes qui seraient débattues (...) pour essayer de faire émerger des solutions concrètes", a-t-il ajouté.

François Hommeril, président de la CFE-CGC, a répété les revendications du syndicat des cadres.

"Le vrai problème, c'est le problème du pouvoir d'achat, du déclassement des salaires, des difficultés qu'il y a aujourd'hui à vivre de son travail de façon correcte. Or, le grand débat, c'est bien qu'il ait lieu, ne règlera pas ce problème de fond", a-t-il dit.

Les représentants des organisations syndicales et patronales n'ont obtenu aucune précision sur l'organisation du débat, que doit dévoiler lundi Edouard Philippe, avant un coup d'envoi donné mardi par Emmanuel Macron dans l'Eure.

Absents de la rencontre avec le Premier ministre et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, la CGT et Solidaires avaient dit leur intention de ne pas y participer.

A la veille d'une nouvelle journée de manifestations des "Gilets jaunes" (), le chef du gouvernement a reçu dans la foulée des représentants du monde associatif et devait s'entretenir ensuite avec les associations d'élus locaux.

Il avait assuré mercredi que le gouvernement tiendrait compte de ce qui sera dit lors de ce grand débat, en réponse aux doutes exprimés sur la sincérité d'un exercice censé apporter une réponse au mouvement des "Gilets jaunes".

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)