La BCE va fixer des échéances pour couvrir les prêts à risque

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(Crédits : Kai Pfaffenbach)

(Reuters) - Toutes les banques supervisées par la Banque centrale européenne (BCE) se verront donner une date limite pour constituer suffisamment de provisions afin de couvrir entièrement leurs stocks de prêts non-performants (non-performing loans ou NPL), conformément aux règles fixées pour les nouvelles créances douteuses, apprend-on mardi de source proche du dossier.

La date sera établie à moyen terme et différera selon les banques, précise-t-on de même source, tout en ajoutant qu'il s'agirait plutôt d'une recommandation que d'une contrainte.

La décision de la BCE, qui a surpris certains investisseurs, inquiète notamment les établissement de crédit italiens, dont le montant brut des créances douteuses s'élevait à 159 milliards d'euros fin juin, soit 7,7% de l'ensemble de leurs créances.

Le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini a accusé mardi la BCE de porter atteinte au système bancaire italien avec cette décision, affirmant que la couverture totale de ses prêts à risque pourrait coûter 15 milliards d'euros.

"Cette nouvelle attaque de l'instance de supervision de la BCE contre le système bancaire italien et MPS (la banque Monte dei Paschi di Siena) prouve encore une fois que l'union bancaire (...) non seulement ne rend par notre système financier plus stable, mais qu'il crée de l'instabilité", a-t-il souligné.

Le chef de file de la Ligue (extrême droite) réclame plus de clarté sur le dossier afin de s'assurer que cette décision n'est pas guidée par des motivations politiques.

Les banques italiennes peinent depuis des années à nettoyer leurs bilans des créances douteuses qui représentent environ le quart des 657 milliards d'euros portés par les banques de la zone euro dans leur ensemble mi-2018.

Dans le graphique ci-dessous, de l'Autorité bancaire européenne, il apparaît que l'Italie arrive en troisième position en terme de ratio de prêts non performants des banques italiennes (7,7%), après la Grèce (39%) et le Portugal (9,7%).

Parmi les grandes économies de la zone euro, l'Allemagne a un ratio NPL de 1,4%, la France de 2,6% et l'Espagne 3,5%.

Les banques italiennes s'échangent en forte baisse en Bourse de Milan, pénalisées par cette information, leur indice accusant une perte de 1,92% vers 14h25 GMT.

La BCE a annoncé l'an dernier son intention de donner à ses banques sept ans pour couvrir leurs créances douteuses garanties et deux ans pour leurs créances non garanties.

Mais elle n'avait pas avancé de date fixe sur couvrir la totalité des prêts à risque. Si les mêmes critères sont appliqués, les banques auront au plus tard jusqu'à 2026 pour provisionner leur stocks de dette à risque, qui pèse sur leurs bilans depuis la crise de la dette en zone euro.

Les banquiers s'attendaient à ce que les règles fixées par la BCE soient strictes mais ils étaient nombreux à espérer que la banque centrale ne fixerait pas de date précise et aux établissements de crédit une marge de liberté plus importante.

Les banques italiennes supervisées par la BCE devraient déprécier 72 milliards d'euros supplémentaires de créances douteuses pour les provisionner à 100%, selon les calculs de Reuters sur la base des bilans du troisième trimestre.

Même si les exigences de la banque centrale ne sont pas contraignantes, elle a souvent montré que les conséquences pouvaient être lourdes si elles ne sont pas respectées.

La BCE a refusé de commenter ces informations.

Monte dei Paschi di Siena a plongé de plus de 10% lundi en Bourse après avoir rapporté que la BCE avait demandé au groupe bancaire renfloué en 2017 par l'Etat italien de renforcer ses provisions pour créances douteuses d'ici 2026.

(Francesca Landini, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Henri-Pierre André)