La fusion Alstom-Siemens examinée sur une base "objective"

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La fusion alstom-siemens evoquee par la commission europeenne[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

STRASBOURG (Reuters) - La Commission européenne prendra sa décision sur la fusion entre Alstom et Siemens dans le rail le 18 février au plus tard, sur la base d'une analyse objective et non idéologique, a annoncé mardi Pierre Moscovici au moment où le rapprochement est menacé par les autorités chargées de préserver la concurrence.

La décision sera prise sur la base d'une proposition de la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager, qui a présenté à la Commission tout entière un état des lieux de la procédure de contrôle en cours, a ajouté le responsable aux Affaires économiques et financières lors d'un compte rendu.

L'autorité allemande de la concurrence s'est prononcée contre cette fusion soutenue par Paris et Berlin et plusieurs sources affirment que les services de la Commission sont du même avis, ce qui constituerait un camouflet pour Emmanuel Macron.

"Le collège prendra une décision sur ce cas important au plus tard le 18 février" en fonction "d'une proposition de la commissaire Vestager, sur la base de nos règles et des procédures applicables dans ces cas", a dit Pierre Moscovici.

"La commission réfléchit dans son intégralité, je pense que cette réflexion n'est pas obsolète", a dit Pierre Moscovici, saluant un "débat honnête, franc et vaste". "Nous voulons prendre en compte les évolutions de l'économie de demain. Nous ne sommes pas naïfs, nous ne regardons pas l'avenir avec le prisme d'hier", a-t-il ajouté.

"Vous pouvez peut-être remarquer que je suis français également donc je prête attention à la situation de mon pays", a-t-il poursuivi.

LES SYNDICATS CONTRE LA FUSION

"Mais soyons clairs sur le reste, les décisions prises par la Commission ne sont jamais et ne seront pas basées sur un aspect idéologique, sur une ligne directrice idéologique, elles seront prises objectivement et sur la base d'une stratégie."

Au sein du gouvernement français, on s'inquiète cependant de l'accumulation de mauvais présages. "Les signaux que nous avons ne sont pas bons", dit-on de source gouvernementale.

La Commission a souvent été critiquée dans un passé lointain pour avoir appliqué de manière aveugle les règles de concurrence, sans tenir compte de la nécessité de créer des champions européens susceptibles de résister à la pression mondiale, en l'occurrence les grands groupes chinois.

Mais le règlement de la concurrence a été réformé au début des années 2000 pour adapter le droit européen.

A l'Assemblée, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, a défendu le rapprochement et la cession des coentreprises d'Alstom à GE, décidées dans le cadre du projet de fusion.

L'intersyndicale franco-belge d'Alstom, qui qualifie de "mauvais projet" cette fusion dans le domaine du rail, le rapprochement entre Alstom et Siemens, a illustré l'opposition des syndicats l'accord franco-allemand.

"Des cessions importantes d'activités reviendraient à démanteler Alstom, et l'industrie ferroviaire française et européenne. Il n'est pas acceptable de céder le TGV ou des pans entiers de l'activité de signalisation pour satisfaire l'entêtement de la direction d'Alstom ou du gouvernement".

Le 10 janvier, Reuters avait appris de sources proches que les deux groupes discutaient de cessions supplémentaires avec la Commission européenne afin d'obtenir son feu vert à leur projet de créer un champion franco-allemand du ferroviaire.

(Gilbert Reilhac et Julie Carriat, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Yves Clarisse)