L'Italie réussit à lever 10 milliards d'euros via un emprunt syndiqué

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L'italie teste le marche avec un emprunt syndique a 15 ans[reuters.com]
(Crédits : Stefano Rellandini)

MILAN (Reuters) - L'Italie a levé 10 milliards d'euros mardi dans le cadre du plus important emprunt syndiqué de son histoire, une opération qui a suscité une demande représentant plus de 35,5 milliards d'euros, a-t-on appris de l'une des banques chefs de file.

Le montant de l'émission et la demande ont ainsi atteint un niveau record pour un emprunt syndiqué italien, a précisé la banque.

Le succès de cette émission de dette a été favorisé par le compromis qui a mis fin le mois dernier au bras de fer entre Rome et la Commission européenne sur le projet de budget 2019.

La décision du gouvernement de réduire son déficit prévisionnel a en effet entraîné une détente des taux longs italiens, permettant au Trésor de mener à bien des adjudications régulières la semaine dernière.

L'emprunt syndiqué, dont l'échéance est fixée à mars 2035, a été émis à 18 points de base au-dessus de l'obligation à septembre 2033, donnant un rendement de 3,41%. Les premières indications, mardi matin, donnaient un spread de 20 à 22 points.

"Même si tout ne va pas bien pour l'Italie sur le moyen terme, nous pensons qu'il existe un potentiel de resserrement des spreads sur les six prochains mois", a commenté John Taylor, gérant obligataire d'AllianceBernstein.

Barclays, Citi, HSBC, JP Morgan et UniCredit étaient co-chefs de file de l'émission.

Le précédent emprunt syndiqué italien, sur 20 ans, avait été émis en janvier 2018, avant l'arrivée aux affaires d'un gouvernement populiste qui a sapé l'attrait pour la dette italienne.

LE SPREAD ITALIEN A NETTEMENT REFLUÉ

Sur le marché secondaire, le rendement des obligations italiennes à dix ans était en hausse d'un peu plus de deux points de base en fin de journée, à 2,891%, après avoir touché, à 2,823%, à son plus bas niveau depuis 11 jours..

L'écart de rendement avec le Bund allemand à dix ans avoisinait alors 264 points de base; il avait atteint un plus haut de cinq ans et demi à 340 points en octobre, au plus fort des tensions entre Rome et Bruxelles sur l'ampleur du déficit public prévu pour 2019.

Dans le cadre d'un emprunt syndiqué, l'émetteur charge des banques de vendre directement aux investisseurs internationaux plutôt que d'organiser lui-même une adjudication. Parce qu'elles s'adressent à un cercle beaucoup plus large d'investisseurs, et disposant de moyens autrement plus importants que les locaux, ces opérations permettent de lever plus d'argent, sur des maturités souvent plus longues.

Les pays de second rang de la zone euro ont donc recours à ces emprunts pour tenter de rivaliser avec les émetteurs de référence comme l'Allemagne et la France.

La Belgique, l'Irlande et le Portugal ont levé au total 14 milliards d'euros via des prêts syndiqués la semaine dernière et l'Espagne pourrait, à en croire plusieurs sources bancaires, lancer une opération de ce type la semaine prochaine.

Au total, les Etats de la zone euro ont levé près de 40 milliards d'euros la semaine dernière selon Commerzbank.

(Giulio Piovaccari, avec la contribution d'Abhinav Ramnarayan à Londres, Véronique Tison pour le service français, édité par Blandine Hénault et Marc Angrand)