Avocats et magistrats veulent s'inviter dans le "grand débat"

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Plusieurs milliers d'avocats, magistrats et greffiers ont de nouveau défilé mardi à Paris pour protester contre le projet de réforme de la justice et s'inviter dans le "grand débat" lancé par Emmanuel Macron pour répondre aux "Gilets jaunes".

Le projet de loi de programmation de la Justice 2018-2022 et le texte organique qui l'accompagne ont été votés en première lecture par l'Assemblée nationale le 12 décembre.

Mais députés et sénateurs n'ont pu s'entendre en commission paritaire sur une rédaction commune et le texte est revenu mardi en deuxième lecture à l'Assemblée nationale.

Les principaux syndicats des professionnels de la justice s'opposent depuis le début à une réforme qui "éloigne" selon eux la justice des citoyens, obéit à une "logique de rationnement" et ouvre la voie à une refonte de la carte judiciaire.

Ils dénoncent aussi l'introduction par le gouvernement d'un amendement autorisant à modifier par ordonnance les dispositions relatives à la justice pénale des mineurs.

Plusieurs milliers de "robes noires" se sont retrouvées mardi à la mi-journée Place Saint-Michel, au coeur de Paris, non loin du siège historique du Palais de justice.

Les responsables syndicaux ont établi un parallèle avec le mouvement des "Gilets jaunes", dont la persistance et les revendications déstabilisent l'exécutif depuis trois mois.

"Dans le contexte du débat national lancé par l'Elysée, qui porte sur des thèmes comme la démocratie, la citoyenneté, l'organisation des services publics (...), l'adoption à marche forcée d'un projet de loi qui modifie profondément le service public de la justice contre l'avis des professionnels (...) est d'autant moins défendable", a ainsi déclaré Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature.

Les manifestants et leurs responsables syndicaux demandent notamment au gouvernement de suspendre l'examen de la réforme par le Parlement pour que cette concertation puisse se tenir.

"Nous voulons débattre de l'avenir de la justice dans le cadre du grand débat national", a expliqué Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB).

Laurence Roques, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF), a pour sa part appelé à l'organisation d'états généraux de la justice.

Les manifestants et leurs chefs de file tenaient cependant à marquer leur différence avec le mouvement des "Gilets jaunes".

"La colère des Gilets jaunes fait écho à ce que nous avions prédit", a déclaré Laurence Roques à Reuters. "Mais il serait abusif de dire 'Gilets jaunes, robes noires même combat'."

"Notre combat n'est pas le même. Nous ne revendiquons pas pour nous mais pour l'ensemble des Français", a pour sa part dit à Reuters Xavier Autain, membre du CNB.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)