Siemens exclut des concessions supplémentaires pour Alstom

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Siemens exclut des concessions supplementaires pour alstom[reuters.com]
(Crédits : Hannibal Hanschke)

par Jörn Poltz

MUNICH (Reuters) - Siemens n'entend pas faire de concessions supplémentaires à la Commission européenne pour obtenir son feu vert à la fusion de ses activités ferroviaires avec Alstom et le groupe allemand dispose de pistes alternatives pour développer cette division, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.

Siemens est prêt à renoncer à cette opération annoncée en septembre 2017 si l'exécutif européen la bloque, a dit l'une des sources.

"Si la Commission refuse, alors nous ne pouvons pas faire cette opération", a dit cette source. "Et donc le sujet serait clos."

Face aux inquiétudes de la Commission européenne, préoccupée par l'impact de cette opération sur la concurrence, Alstom et Siemens proposent des cessions d'actifs portant essentiellement sur des activités de signalisation et des produits de matériels roulants.

L'un des principaux désaccords entre Siemens et la Commission porte sur l'ampleur du partage de technologie de train à grande vitesse à laquelle doit consentir le groupe allemand avec des concurrents.

Siemens considère toujours que ce rapprochement avec Alstom est la meilleure option possible, a dit une source.

La Commission doit rendre son avis au plus tard le 18 février.

Le rapprochement entre Siemens et Alstom donnerait naissance au deuxième groupe ferroviaire au monde, avec un chiffre d'affaires combiné d'environ 15 milliards d'euros. Ce champion franco-allemand serait deux fois plus grand que le canadien Bombardier Transportation par le chiffre d'affaires, mais deux fois plus petit que le chinois CRRC.

Le groupe allemand reste confiant sur les perspectives de croissance de Siemens Mobility, sa division interne de technologies ferroviaires, même en cas de blocage du rapprochement avec Alstom, a dit l'une des sources.

Parmi les pistes de croissance figurent d'éventuelles acquisitions, selon cette source, ajoutant qu'une collaboration avec Bombardier n'est pas à l'ordre du jour.

"Nous examinerons toutes les options", a déclaré la source, notamment une introduction en Bourse de la division dans laquelle Siemens conserverait une participation.

"Nous sommes absolument convaincus que nous pouvons développer notre activité telle qu'elle est aujourd'hui d'une manière très intéressante", a-t-elle ajouté.

ALSTOM N'A "PAS DE CERTITUDE" VIS-À-VIS DE L'UE

Alstom a maintenu jeudi que l'accord pourrait être finalisé au cours du premier semestre 2019 même s'il n'a "pas de certitude" quant à l'issue de l'examen par la Commission européenne.

"Le projet de rapprochement d'Alstom avec les activités de Siemens Mobility, incluant sa traction ferroviaire, a progressé ce dernier trimestre", déclare Alstom dans un communiqué, ajoutant que les deux groupes ont présenté des propositions aux autorités de la concurrence.

"Les remèdes proposés portent principalement sur des activités de signalisation ainsi que des produits de matériels roulants et représentent environ 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée. Les parties estiment que cette proposition de remèdes est appropriée et adéquate", ajoute le groupe français.

Une porte-parole d'Alstom n'a pas souhaité s'exprimer sur une éventuelle demande de la Commission européenne en vue de concessions supplémentaires.

Le projet de rapprochement de Siemens et Alstom est soutenu par le gouvernement allemand, qui estime qu'il contribuera à préserver la compétitivité du secteur ferroviaire en Europe.

La France considère aussi qu'un blocage de la Commission européenne serait une erreur.

Le régulateur allemand s'est cependant montré préoccupé par le projet tandis que les autorités de la concurrence en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Belgique et en Espagne s'inquiètent pour la fourniture de matériel roulant pour des trains tels que l'Eurostar.

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a dit en décembre s'inquiéter de l'impact du projet sur les trains à grande vitesse en Europe.

(Avec Sudip Kar-Gupta à Paris; Bertrand Boucey et Claude Chendjou pour le service français)