Brexit : Vote sur le "plan B" le 29 janvier à Westminster

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Brexit: vote du parlement britannique sur le plan b le 29 janvier[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

par Kylie MacLellan et William James

LONDRES (Reuters) - Le Parlement britannique se prononcera le 29 janvier sur le "plan B" que va lui présenter la Première ministre Theresa May après le rejet massif de l'accord de Brexit qu'elle a négocié avec Bruxelles, a annoncé jeudi la ministre des Relations avec le Parlement, Andrea Leadsom.

Ce "plan B" sera dévoilé ce lundi et débattu puis mis aux voix la semaine suivante. Mais au lendemain du rejet à Westminster d'une motion de censure contre Theresa May, le gouvernement conservateur et l'opposition travailliste, qui contrôlent à eux deux 88% des 650 sièges de la Chambre des Communes, semblent toujours aussi peu disposés à se faire des concessions.

Le dirigeant du Labour, Jeremy Corbyn, a souligné jeudi matin lors d'un discours à Hastings, dans le sud de l'Angleterre, qu'il n'accepterait de discuter avec Theresa May que si celle-ci rejette clairement l'éventualité d'un Brexit sans accord.

Il a estimé que la Première ministre semblait prête "à envoyer le pays sur les récifs" en n'excluant pas une sortie de l'UE sans accord le 29 mars prochain, une perspective qui ne semble guère inquiéter les plus chauds partisans du Brexit au sein du Parti conservateur.

Dans une lettre qu'elle lui a adressée en fin de journée, Theresa May se dit quant à elle déçue que le dirigeant travailliste n'ait pas accepté de la rencontrer pour tenter de trouver une issue à l'impasse.

MAY HOSTILE À UN SECOND RÉFÉRENDUM

Faute de consensus, la cinquième économie mondiale quittera l'UE fin mars sans accord, ou alors sera obligée de repousser la date de sa sortie de l'Union, avec à la clé soit un nouveau référendum, soit des élections législatives.

Corbyn, après avoir été très réticent, n'exclut apparemment plus un nouveau référendum mais il souligne qu'un tel vote ne doit en aucun cas être une "réédition" de celui de juin 2016.

"Si un second référendum a lieu, alors, évidemment, le parti devra décider quel sera son rôle (...) mais je ne peux vraiment pas accepter que ce vote soit simplement une réédition de ce qui s'est passé en 2016", a-t-il dit à Hastings, là-même où le duc de Normandie Guillaume le Conquérant a vaincu le roi Harold en 1066.

Selon un sondage YouGov réalisé au lendemain du rejet massif de l'accord de Brexit par les députés, les Britanniques voteraient à 56% contre 44% en faveur d'un maintien de leur pays dans l'Union européenne si la question leur était à nouveau posée. Le 23 juin 2016, les partisans d'une sortie de l'UE l'avaient emporté avec près de 52% des voix.

Theresa May s'est déclarée opposée aussi bien à des législatives anticipées qu'à un nouveau référendum qui reviendrait pour elle à "trahir" les 17,4 millions de Britanniques qui ont voté pour le Brexit.

"C'est mon devoir de répondre à la volonté du peuple britannique (...) et j'ai l'intention de le faire", a-t-elle insisté.

Son porte-parole a redit que l'idée d'un report de la date du Brexit n'était pas envisagée - un report pourtant jugé inévitable par l'ancien Premier ministre Tony Blair.

Le Labour laisse entendre qu'il pourrait soutenir un accord prévoyant un maintien permanent dans l'union douanière européenne - ce qui règlerait la question de la frontière irlandaise - et dessinant pour l'avenir des relations étroites avec le marché unique européen.

Mais Theresa May, dont les "lignes rouges" portent précisément sur une sortie de l'union douanière et du marché unique, risquerait de s'aliéner une large du camp Tory si elle acceptait ces conditions.

Le président du Parti conservateur, Brandon Lewis, a ainsi réaffirmé jeudi que le Royaume-Uni ne pouvait pas rester dans l'union douanière après sa sortie de l'Union car sa priorité sera de conclure des accords de libre-échange avec des pays tiers.

PLAN D'URGENCE EN FRANCE EN CAS DE NON-ACCORD

En visite jeudi à Lisbonne, le négociateur européen Michel Barnier a déclaré que l'Union était ouverte à l'idée d'un accord "plus ambitieux" que celui rejeté par les députés britanniques.

"S'ils (les Britanniques) nous disent qu'ils veulent une relation plus ambitieuse, nous y sommes ouverts", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre portugais Antonio Costa.

A Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a dit vouloir tout faire pour éviter un Brexit sans accord.

A Paris, le Premier ministre Edouard Philippe a déclenché jeudi son plan d'urgence pour préparer la France à un "no-deal", jugeant cette éventualité "de moins en moins improbable".

Cinq ordonnances seront adoptées dans les trois semaines qui viennent, à partir de mercredi prochain, pour s'y préparer et 50 millions d'euros seront investis dans les ports et aéroports, "les lieux les plus concernés par les modifications à apporter compte tenu du Brexit dur", a-t-il dit.

Pour le Fonds monétaire international (FMI), un Brexit sans accord est le risque le plus grave que court l'économie britannique à court terme. "Partir sans un accord de retrait et un cadre pour les futures relations avec l'UE constitue le risque le plus important à court terme pour l'économie britannique", a dit Gerry Rice, porte-parole du FMI.

(Avec Elizabeth Piper, Kate Holton, Andy Bruce, James Davey, Sergio Goncalves et David Lawder; Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français, édité par Henri-Pierre André)