Migaud appelle à accélérer les réformes pour répondre aux colères

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a appelé jeudi Emmanuel Macron et Edouard Philippe à accélérer les réformes pour répondre aux colères exprimées par les Français et garantir la souveraineté de la France.

Lors d'un discours prononcé en présence du Premier ministre, il a assuré que l'exécutif disposait de marges de manoeuvre importantes, à travers l'amélioration de l'efficacité des prélèvements et des dépenses.

"Les circonstances actuelles imposent, non pas de freiner, mais d'accélérer et de concrétiser l'indispensable démarche de transformation de l'action publique", a déclaré Didier Migaud, après des semaines de crise des "Gilets jaunes".

"Des marges existent", a-t-il ajouté lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour, en appelant à une remise à plat des "trop nombreuses niches fiscales et sociales qui grèvent nos ressources", à mettre fin aux "situations de rente" et à accroître la lutte contre toutes les formes de fraude.

Côté dépenses, il faut selon lui accélérer la transition numérique des services publics, "réduire les effets d'aubaine induits par certains transferts sociaux", supprimer les doublons de compétences entre l'Etat et les collectivités et "rationaliser - sans dégrader leur qualité - l'organisation des services publics".

UNE SITUATION FINANCIÈRE TOUJOURS FRAGILE

Alors que l'exécutif a été contraint par les "Gilets jaunes" d'abandonner son engagement de maintenir le déficit public sous la limite de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2019, Didier Migaud a appelé à actualiser rapidement les prévisions de la loi de finances, la cible de déficit public, révisée à 3,2%, n'intégrant pas plusieurs de ces mesures d'urgence.

Il a en outre estimé que le scénario macroéconomique sous-tendant ces prévisions est "fragilisé" par les récentes évolutions économiques dans le monde et en Europe.

Il a souligné la situation "toujours fragile" des finances publiques françaises, en remarquant que les efforts continus de redressement depuis 10 ans "semblent marquer le pas" en 2018, avec un déficit public comparable à celui de 2017.

"Le diagnostic est identique, voire plus inquiétant, si l'on raisonne indépendamment de la conjoncture économique", c'est-à-dire en analysant l'évolution du déficit structurel, a-t-il ajouté.

A environ 100% du PIB, la dette publique de la France est désormais supérieure de près de 40 points à celle de l'Allemagne, alors que les niveaux étaient comparables il y a 12 ans, a-t-il remarqué.

Ce niveau, alors que les déficits sont récurrents, expose le pays, une hausse des taux d'intérêt étant probable, a-t-il souligné.

"Plus un Etat est dépendant, moins il est souverain", a insisté Didier Migaud, en ajoutant que "le relâchement des efforts de redressement engagés en France entamerait la crédibilité de notre pays et sa capacité à peser sur les réformes en cours au sein de l'Union européenne".

Il a ajouté que la Cour constatait les efforts réalisés dans de nombreuses administrations pour engager des "transformations courageuses" et, s'adressant à Edouard Philippe, a déclaré que "votre volonté d'agir peut susciter notre optimisme".

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)