La ZAD de Notre-Dame-des-Landes se projette dans l'avenir

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(Crédits : Stephane Mahe)

NOTRE-DAME-DES-LANDES (Reuters) - La "zone à défendre" (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) célèbre ce jeudi le premier anniversaire de l'abandon du projet d'aéroport sur ce site naturel avec la présentation d'un "fonds de dotation" pour acquérir des terres.

Baptisé "La terre en commun", cet outil juridique "entre la fondation et l'association" ambitionne de récolter 3 millions d'euros pour racheter les parcelles qui ne seront pas concernées par la rétrocession au département des terrains expropriés.

Cette rétrocession - qui sera effective en avril - va faire de facto du conseil départemental de Loire-Atlantique "l'un des principaux animateurs" des terres de la ZAD, selon la préfecture, puisqu'il va redevenir propriétaire de 895 des 1.425 hectares de l'ex-zone d'aménagement différé.

En mai 2018, sur les 41 "projets" déposés par les zadistes dans ce périmètre, 15 avaient obtenu une "convention d'occupation précaire". Celles-ci sont aujourd'hui "en cours de renouvellement", indique l'Etat, dans l'attente de la rétrocession des terres au département.

En attendant, ce processus de régularisation a fait partir un tiers de la population de la ZAD, qui comptait 250 à 300 habitants avant son évacuation partielle et en dénombre à présent 170.

"Il y a eu une sécession entre les gens qui voulaient rester totalement pirates et ceux qui étaient prêts à faire des compromis", explique Antoine, un zadiste de 31 ans rencontré sur la ferme de Bellevue, où bûcherons et charpentiers s'activent à mettre en place une menuiserie artisanale.

Parmi les habitants restés sur place, seuls ceux de la ferme de la Grée - théâtre de violents affrontements avec les forces de l'ordre au printemps - ne se sont toujours "pas engagés dans la même trajectoire vertueuse, d'ouverture et de dialogue", regrettent les services de l'État.

Les autres zadistes qui n'ont pas eu de convention d'occupation précaire continuent malgré tout à vaquer à leurs occupations, misant sur leur nouveau "fonds de dotation".

Dirigé par un conseil d'administration, au sein duquel diverses sensibilités du mouvement anti-aéroport sont représentées, ce fonds sera propriétaire des terres qu'il aura acquises et distribuera lui-même les baux et les conventions d'occupation aux agriculteurs et habitants de la ZAD.

"Ce serait une victoire bien amère que de redonner ces terres à l'agriculture intensive après les avoir sauvées du bétonnage", explique à Reuters Isabelle, une zadiste qui a travaillé à sa mise en place. "On ne veut pas non plus d'une mise sous cloche de la zone, on veut qu'elle reste vivante."

"Après une communication faite aux soutiens les plus proches, plus de 220.000 euros ont été donnés en un mois par plus de 300 contributeurs", souligne-t-elle. "L'abandon du projet d'aéroport n'a pas cassé la dynamique."

(Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)