Recul de 19% des IDE en 2018, reprise possible en 2019, selon l'Onu

reuters.com  |   |  517  mots
Recul de 19% des ide en 2018[reuters.com]
(Crédits : Kacper Pempel)

par Tom Miles

(Reuters) - Les investissements directs étrangers (IDE) ont chuté de 19% l'an dernier à environ 1.200 milliards de dollars (1.056 milliards d'euros), en raison notamment de la réforme fiscale aux Etats-Unis qui a incité les entreprises à rapatrier des profits de l'étranger, selon le rapport annuel publié lundi par la Cnuced, l'agence des Nations unies en charge du commerce et du développement.

Les IDE, qui comprennent les fusions et acquisitions (M&A) transfrontalières, les prêts intragroupes et les investissements dans de nouveaux projets de créations d'entreprises, font figure de baromètre de la mondialisation.

Leur baisse de 2018, à leur plus bas niveau depuis 2009, tient pour l'essentiel au rapatriement aux Etats-Unis d'au moins 300 milliards de dollars de bénéfices par des multinationales soucieuses de profiter de la réforme fiscale votée par le Congrès en décembre 2017.

Les flux nets d'investissements en Europe ont accusé une baisse sans précédent de 73% à 100 milliards de dollars, leur niveau le plus faible depuis les années 1990, du fait du rapatriement par des firmes américaines de bénéfices accumulés par leurs filiales en Irlande, en Suisse et ailleurs.

James Zhan, en charge du rapport annuel de la Cnuced, a souligné que le mouvement de rapatriement de profits avait ralenti et qu'un rebond des IDE était possible cette année, tout en observant aussi un accroissement des risques.

"Ce que nous appelons la guerre commerciale-investissement-technologique affectera l'investissement mondial", a-t-il dit à la presse. "Nous assistons à une montée des mesures protectionnistes dans un certain nombre de pays et les perspectives pour la croissance mondiale se détériorent."

Les Etats-Unis sont restés la première destination mondiale des IDE en 2018 avec un total de 226 milliards de dollars, 18% de moins qu'en 2017.

La Chine a été deuxième, avec des flux d'investissements entrants en hausse de 3% à 142 milliards de dollars, devant le Royaume-Uni où les IDE ont bondi de 20% à 122 milliards de dollars, du fait d'un doublement des bénéfices réinvestis et d'un triplement de la valeur des opérations de M&A.

"Malgré les énormes incertitudes liées au Brexit, le gouvernement britannique a intensifié ses efforts pour promouvoir et faciliter les nouveaux investissements ainsi que pour préserver les investissements existants", a noté James Zhan.

Parmi les grosses opérations de M&A figurent le rachat du groupe de télévision Sky par l'américain Comcast pour 40 milliards de dollars, la reprise du spécialiste des paiements Worldpay par Vantif pour 10 milliards et l'acquisition des pâtes à tartiner d'Unilever par KKR & Co pour huit milliards.

Dans les pays en développement d'Asie, les investissements en installations nouvelles ont augmenté de 84% à 390 millions de dollars, reflétant la réorganisation de chaînes d'approvisionnement en Asie du Sud-Est par des entreprises soucieuses de contourner les tensions commerciales sino-américaines ou de profiter des nouvelles opportunités offertes par la libéralisation des investissements en Chine et par le nouvel Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).

(Véronique Tison pour le service français, édité par Blandine Hénault)