Benalla se défend et esquive devant les sénateurs

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Benalla se defend d'avoir menti sur ses passeports diplomatiques[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Alexandre Benalla s'est défendu lundi, devant la commission d'enquête du Sénat, d'avoir menti au sujet de ses passeports diplomatiques qui, a-t-il dit "solennellement" et "sous serment", lui ont été restitués début octobre, soit bien après son licenciement de l'Elysée à la fin juillet.

Durant l'audition, sa deuxième depuis le début de cette affaire à tiroirs, les sénateurs se sont la plupart du temps heurtés à un mur, l'ex-homme de confiance d'Emmanuel Macron refusant de répondre à de nombreuses questions au nom du respect des institutions et des enquêtes judiciaires en cours.

Deux heures durant, les échanges ont tourné autour des passeports diplomatiques et de service d'Alexandre Benalla, qui lui ont été délivrés dans le cadre de ses fonctions à l'Elysée.

L'ex-adjoint au chef de cabinet a maintenu la version qu'il a donnée lors de sa première audition, le 19 septembre. Il avait alors déclaré que les documents aujourd'hui au centre de l'attention se trouvaient probablement à la présidence.

"Je ne vous ai pas menti le 19 septembre", a dit l'ex-chargé de mission.

"Je les restitués dans le courant du mois d'août 2018" et "ces passeports m'ont été rendus à nouveau, alors que j'avais été contacté par un membre de l'Elysée (...), début octobre 2018", a-t-il précisé, sans donner plus de détails sur l'identité du salarié de l'Elysée auquel il faisait allusion.

"On m'a fait savoir que ces passeports n'étaient pas désactivés, sinon je n'aurais pas voyagé avec ces passeports", a encore dit Alexandre Benalla, qui en aurait fait usage 23 fois de son propre aveu. "Et je reconnais là une faute de ma part, un manque de discernement peut-être."

"PERSÉVÉRANT" ET "OBSTINÉ"

Sans se départir de son aplomb, l'ancien monsieur sécurité s'en est tenu pour le reste à sa ligne de conduite consistant à s'abriter derrière les différentes procédures judiciaires, qui lui valent trois mises en examen, dont l'une concerne spécifiquement les passeports.

Ce silence lui a valu les menaces voilées du président de la commission, le sénateur Les Républicains Philippe Bas.

Toute personne qui refuse de déposer devant une commission d'enquête s'expose à une peine de deux ans d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende, a souligné ce dernier.

"Je suis persévérant et vous êtes obstiné", a résumé Philippe Bas, lui-même bon connaisseur des arcanes de l'Elysée dont il a été le secrétaire général du temps de Jacques Chirac.

L'affaire dite Benalla a démarré avec des révélations sur ses agissements en marge des cortèges du 1er-Mai puis a connu de nouveaux développements en décembre, avec des révélations dans la presse sur ses passeports mais aussi sur ses activités post-Elysée et sur ses contacts persistants avec Emmanuel Macron.

L'ancien chargé de mission a affirmé n'avoir plus eu d'échanges avec la présidence ou La République en marche (LaRem) depuis le 24 décembre.

"Je ne détiens aucun secret sur qui que ce soit, je ne fais aucun chantage", a assuré Alexandre Benalla, qui a dit souhaiter le succès du chef de l'Etat.

(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)