L'ambassadrice d'Italie convoquée au Quai d'Orsay

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PARIS (Reuters) - L'ambassadrice d'Italie à Paris, Teresa Castaldo, a été convoquée lundi au Quai d'Orsay après les propos tenus par le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio, qui a accusé la France d'"appauvrir" l'Afrique, a-t-on appris de source diplomatique française.

La diplomate italienne a été convoquée par le directeur de cabinet de la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, après les "propos inacceptables tenus ces derniers jours par les autorités italiennes", a-t-on précisé.

Luigi di Maio, chef politique du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) qui gouverne l'Italie avec le parti d'extrême droite La Ligue, s'en est une nouvelle fois pris à la France samedi en estimant que les autorités françaises "appauvrissaient" l'Afrique et devraient pour cela être sanctionnées par l'Union européenne.

"Si aujourd'hui nous avons des gens qui quittent l'Afrique, c'est parce que certains pays européens, la France en particulier, n'ont jamais cessé de coloniser l'Afrique", a-t-il dit lors d'un déplacement dans les Abruzzes.

"Il y a des dizaines de pays africains où la France imprime une monnaie, le franc des colonies et avec cette monnaie elle finance la dette publique française", a-t-il ajouté.

Depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition Ligue-M5S en Italie en 2018, les relations entre Paris et Rome se sont crispées notamment autour des questions migratoires et plus récemment autour de la crise des "Gilets jaunes".

Début janvier, Luigi Di Maio a appelé les manifestants qui protestent depuis le 17 novembre en France à "ne rien lâcher". Il a été rejoint en ce sens par le ministre de l'Intérieur et chef de file de La Ligue Matteo Salvini qui a apporté son soutien aux "Gilets jaunes".

"BALAYER DEVANT LEUR PORTE"

Ce double appel a été fraîchement accueilli par Nathalie Loiseau, qui a invité sur Twitter les deux dirigeants à "balayer devant leur propre porte", soulignant que la France se gardait "de donner des leçons à l'Italie".

Plus récemment, dans la foulée de l'arrestation en Bolivie de Cesare Battisti, Matteo Salvini a accusé les autorités françaises de ne pas livrer les anciens militants italiens d'extrême gauche réfugiés en France.

"Je demande au président français de renvoyer en Italie tous les fugitifs qui ne devraient pas boire du champagne au pied de la Tour Eiffel mais pourrir en prison en Italie", a-t-il dit, fustigeant la France, "ce pays qui donne des leçons de morale, d'accueil, de solidarité et de générosité".

Le ministère français de la Justice a assuré que les "demandes d'extradition qui seraient reçues dans les prochains jours de la part des autorités italiennes" feraient "l'objet d'une analyse approfondie, au cas par cas, comme cela a été le cas depuis une quinzaine d'années".

(John Irish et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)