Des incitatifs pour un départ plus tardif à la retraite

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Des incitatifs pour un depart plus tardif a la retraite[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le Haut-commissaire à la réforme des retraites a proposé aux partenaires sociaux d'augmenter les pensions des assurés qui partent après l'âge légal afin d'assurer le financement du régime universel souhaité par le gouvernement.

Jean-Paul Delevoye a entamé lundi un nouveau cycle de concertations avec les partenaires sociaux pour aborder la question de l'ouverture des droits, après un mois de pause à la demande du gouvernement en raison du contexte social difficile dû à la contestation des "Gilets jaunes".

"En théorie, un système en points n'impose pas de prévoir un âge minimal d'ouverture", peut-on lire dans le document de travail remis aux partenaires sociaux en amont des rencontres bilatérales. "Toutefois, un départ trop précoce entraînerait une paupérisation des seniors qui doit impérativement être évitée."

Cela conduirait, en outre, à des effets de report sur les minima de pensions et s'avérerait potentiellement coûteux pour la solidarité nationale, ajoute le document, ce qui, à terme "fragiliserait le financement par répartition du système".

Le Haut-commissaire propose ainsi d'appliquer des "coefficients majorants" de 3% à 5% sur les pensions ou la valeur des points par année supplémentaire d'activité après l'âge minimal de départ à la retraite (qui reste 62 ans, comme annoncé en octobre) jusqu'à ce que l'assuré atteigne 67 ans.

Autre solution: déterminer des "âges de référence" à partir desquels les assurés obtiendraient un certain niveau de pension ou un taux de remplacement et imposer un système de décote/surcote autour de ces balises pour inciter les assurés à retarder leur départ à la retraite.

"Les âges de référence" pourraient être différents entre les assurés à carrières ascendantes et revenus élevés et les assurés à carrières plates et revenus faibles.

DES SYNDICATS SCEPTIQUES

Pour le président délégué du Medef, Patrick Martin, "la proposition d'une surcote n'est absolument pas choquante". "Elle est cohérente d'ailleurs avec la philosophie du Medef qui est de dire que le travail règle beaucoup de problèmes dans ce pays et est par ailleurs une source d'épanouissement", a-t-il dit mardi sur RFI.

Selon la CFDT, la question de la mise en place d'un système de repère équivalent au taux plein, "qui sert de référence pour les individus" doit être posée. "Je ne suis pas convaincu que nous ayons besoin d'un nouvel âge normatif. L'âge légal suffit", a déclaré le négociateur de la centrale, Frédéric Sève, dans une interview aux Echos, mardi.

Pour son homologue de Force ouvrière, Philippe Pihet, "[les équipes de Jean-Paul Delevoye] sortent du bois en disant qu'il va falloir remonter l'âge de liquidation de la retraite".

Le document fait la démonstration que les assurés aux carrières ascendantes, soit "l'immense majorité des cas", devront rester plus longtemps en situation de travail "pour avoir le même taux de remplacement", a-t-il dit à Reuters.

"Ils donnent eux-mêmes la preuve que le régime unique en points est défavorable à l'immense majorité des salariés."

Sujet sensible, l'âge de départ à la retraite est régulièrement remis en question par les experts. Le Conseil d'orientation des retraites (Cor) estime qu'il faudrait ramener l'âge moyen de départ à 63 ans en 2030 et 64 ans en 2040 pour maintenir l'équilibre financier du régime actuel, selon le document de travail.

Un système de "bonus-malus" sur les pensions de retraites est entré en vigueur en janvier 2019 pour le système de retraite complémentaire Agirc-Arcco.

Mais le dispositif est déjà remis en question: la CFDT a fait savoir la semaine dernière qu'elle comptait rediscuter de la valeur des paramètres, notamment des coefficients de solidarité et de la valeur du point.

"La situation financière s'améliore plus vite que prévu, les salariés et les retraités doivent en sentir les effets", précise Frédéric Sève dans Les Echos.

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)