Carrefour résiste malgré les "Gilets jaunes" et affiche sa confiance

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Carrefour resiste malgre les gilets jaunes et affiche sa confiance[reuters.com]
(Crédits : Eric Gaillard)

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Carrefour a vu sa croissance légèrement ralentie au quatrième trimestre, malgré le mouvement des "Gilets jaunes" qui a plombé les ventes de ses hypermarchés en France, et a affiché sa confiance mardi dans le déroulement de son plan de transformation.

Les chiffres du trimestre "renforcent la confiance du management dans son plan stratégique", a indiqué le groupe qui a confirmé l'ensemble de ses prévisions pour 2020 et 2022 en matière d'économies, de cessions d'actifs non stratégiques, de développement du e-commerce et de ventes de produits bio.

Un an après le lancement de ce plan, le PDG du groupe, Alexandre Bompard, a pris la parole lors d'une conférence téléphonique, estimant que "tout ce qui a été achevé en 2018 montre que Carrefour est sur la bonne voie".

Il a notamment vanté le "renouvellement du modèle économique", les baisses de coûts massives (...), les partenariats avec Google ou Tencent, la réorganisation qui a permis au groupe de devenir "plus agile" ou les alliances aux achats avec Tesco et Système U "qui porteront leurs fruits en 2019".

Il n'a toutefois pas donné d'indications sur les économies réalisées au deuxième semestre ou la stratégie de prix des hypermarchés en France, qui ont encore perdu du terrain en 2018, avec une baisse de leurs ventes de 1,4% en données comparables.

Il a aussi jugé qu'il était encore trop tôt pour évaluer l'impact de la loi alimentation sur la concurrence du secteur en France, indiquant simplement qu'elle allait impacter les marques propres et les programmes de fidélité.

Certains concurrents, notamment Leclerc, numéro un de la distribution alimentaire en France, ont déjà massivement abaissé le prix de leurs marques propres.

FORTE HAUSSE DU E-COMMERCE

Au quatrième trimestre, les ventes du groupe ont reculé de 2,3% à 22,63 milliards d'euros, pénalisées par la baisse du real brésilien, mais à magasins comparables, hors taux de change, essence et effets calendaires, elles ont progressé de 1,9% après une hausse de 2,1% au 3e trimestre.

Les hypermarchés français ont vu leurs ventes reculer de 2,2% en comparable - une baisse inférieure aux 2,8% attendus - pénalisés par le mouvement des "Gilets jaunes" qui a fortement perturbé l'accès aux entrepôts et à certains magasins pendant les samedis de novembre et décembre.

Casino a quant à lui mieux résisté en France, limitant à 0,5% le recul dans ses hypers.

Un retour à une dynamique durablement positive dans les hypers français de Carrefour reste crucial. Ils comptent pour près du quart du chiffre d'affaires du distributeur et leur sous-performance plombe les résultats depuis des années.

A l'inverse la tendance est restée positive, quoique ralentie, dans les autres formats de Carrefour, avec une hausse de 1,9% dans les supermarchés et de 3,1% dans la proximité.

Parallèlement, le déploiement de nouveaux "drive" et "drive piétons" et l'extension de l'offre de livraison à domicile a permis au commerce alimentaire de progresser de plus de 30%.

Ailleurs, la tendance s'est accélérée au Brésil (+6,2%) sorti de la déflation alimentaire, grâce aux performances des formats de semi-gros Atacadao, tandis qu'elle est restée mal orientée en Espagne et en Italie.

La Chine, toujours à la peine, poursuit son inexorable recul malgré les efforts déployés pour s'adapter à la digitalisation massive du marché local.

Sur l'ensemble de 2018, Carrefour a ralenti la cadence avec une croissance de 1,4% en comparable, contre 1,6% en 2017.

Le résultat opérationnel 2018 est quant à lui attendu aux environs de 1,93 milliard d'euros, en croissance organique de 4%, pour un consensus de 1,86 milliard.

Le groupe publiera ses résultats annuels le 28 février.

Le titre Carrefour a clôturé à 16,33 euros à la Bourse de Paris mardi, progressant de 9,5% depuis le début de l'année, après une chute de 18% en 2018.

La valeur abandonne 24% depuis l'arrivée d'Alexandre Bompard à la tête du groupe, le 18 juillet 2017.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)