Grande-Bretagne : D'ex-dirigeants de Barclays en procès, 10 ans après la crise de 2008

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D'ex-dirigeants de barclays en proces, 10 ans apres la crise de 2008[reuters.com]
(Crédits : Hannah Mckay)

par Kirstin Ridley et Lawrence White

LONDRES (Reuters) - Quatre anciens dirigeants de Barclays, dont l'ex-directeur général John Varley, comparaissent depuis ce mercredi devant un tribunal londonien pour des soupçons de fraude financière au plus fort de la crise de 2008, dans le cadre d'un procès particulièrement attendu.

Ces quatre dirigeants sont les banquiers de plus haut rang poursuivis en Grande-Bretagne pour les événements survenus au cours de la crise financière, durant laquelle Barclays a évité un renflouement par l'Etat en levant plus de 11 milliards de livres (12,62 milliards d'euros) en deux fois, essentiellement auprès d'investisseurs qataris.

Au premier jour de leur procès, le représentant du SFO (Serious Fraud Office), le service britannique de lutte contre les fraudes financières, leur a reproché d'avoir dissimulé pour 322 millions de livres de versements au Qatar en échange d'injections d'argent frais dans la banque.

Edward Brown a déclaré que les conventions de conseil baptisées Advisory Service Agreements (ASA), via lesquelles la banque aurait versé ces sommes au Qatar, étaient un "mécanisme malhonnête" pour dissimuler l'existence de commissions supplémentaires auprès d'autres investisseurs et du marché en général.

"C'est la dissimulation de ces frais de commission supplémentaires qui est au coeur de cette affaire (...)", a-t-il déclaré au jury de la Southwark Crown Court de Londres dans une salle comble.

"(Les ASA) ont été conçues par les conspirateurs comme un moyen de payer aux Qataris des commissions plus élevées que celles versées aux autres investisseurs, afin de ne pas révéler leur véritable position (...)", a poursuivi Edward Brown.

Le procès pourrait durer six mois.

LE QATAR EXIGEANT

John Varley, 62 ans, est apparu sur le banc des accusés vêtu d'une chemise et d'un pull aux côtés de Roger Jenkins, Tom Kalaris et Richard Boath.

Ils sont accusés de complot en vue de commettre une fraude par fausse déclaration. John Varley et Roger Jenkins font face à deux chefs d'accusation et Tom Kalaris et Richard Boath à un. Ils démentent tous les accusations portées à leur encontre.

L'accusation soutient que Barclays a jugé essentiel de conclure un accord avec le Qatar au début de 2008, alors que les marchés commençaient à tanguer, mais que l'Etat du Golfe s'est montré exigeant.

Le Qatar demandait initialement une commission de 3,75% avant d'accepter un taux de 3,25% en contrepartie d'un investissement dans la banque, soit plus du double de ce que Barclays versait aux autres investisseurs, selon l'accusation.

Pour ne pas risquer de devoir proposer les mêmes conditions à d'autres investisseurs ou être critiqué pour avoir concédé au Qatar une commission trop élevée, les dirigeants ont participé à l'élaboration de fausses déclarations au marché, poursuit l'accusation.

Le Qatar, qui n'a pas été accusé d'actes répréhensibles, a investi environ quatre milliards de livres dans Barclays en 2008, selon Edward Brown.

(avec Simon Jessop; Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)