Grand Paris : Enquête sur des soupçons de favoritisme

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Grand paris: enquete sur des soupcons de favoritisme[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Le parquet national financier (PNF), saisi par la Cour des comptes, a ouvert une enquête préliminaire sur les conditions dans lesquelles la Société du Grand Paris (SGP) a passé nombre de marchés, a déclaré mercredi à Reuters une source proche de ce dossier, confirmant des informations de Marianne.

Cette enquête vise notamment des soupçons de favoritisme, a-t-on précisé de même source.

Elle intervient un an après le rapport dans lequel la Cour des comptes dénonçait un dérapage massif du coût prévisionnel du métro en rocade autour de la capitale, dont la réalisation est pilotée par la SGP, créée par l'État en 2010.

La Cour alertait notamment dans ce rapport les pouvoirs publics sur les risques financiers résultant de ce dérapage et sur la fragilité de la situation de la SGP. "La maîtrise des délais et des coûts semble à ce jour très compromise", écrivait-elle dès la page de présentation sur son site internet.

Initialement évalué à 19 milliards d'euros en 2010, le coût du projet a été réévalué jusqu'à atteindre fin juillet 2017 plus de 38 milliards, précise son rapport, qui fait état de près de 770 marchés notifiés par la SGP au 31 décembre 2016.

"Entre 2010 et mai 2017, la SGP a eu recours à 164 marchés attribués sans publicité ni mise en concurrence", peut-on lire dans ce document. "La masse des marchés passés par la SGP et le caractère concentré des grands acteurs français de l'ingénierie et des travaux publics rendent l'établissement très exposé aux risques d'ententes et des pratiques anticoncurrentielles."

Ce constat avait amené l'association Anticor de lutte contre la corruption à saisir d'abord le PNF en juin dernier, puis le procureur général auprès de la Cour des comptes en novembre.

C'est finalement ce dernier qui a obtenu du PNF l'ouverture d'une enquête préliminaire pour favoritisme.

"Anticor est très satisfait", a déclaré mercredi soir à Reuters sont président, Jean-Christophe Picard. "C'est une affaire hors norme. Il y en a pour des années."

(Emmanuel Jarry, édité par Caroline Pailliez)