La confiance des Français dans les médias a chuté en 2018

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La confiance des francais dans les medias a chute en 2018[reuters.com]
(Crédits : Michaela Rehle)

PARIS (Reuters) - La confiance accordée par les Français aux différents médias a dégringolé en 2018, selon un baromètre annuel publié jeudi par le quotidien La Croix, traduisant une défiance accrue vis-à-vis des journalistes pris à partie à plusieurs reprises en marge de manifestations des "Gilets Jaunes".

Selon ce sondage effectué par le groupe Kantar pour La Croix entre le 3 et le 7 janvier, les indicateurs mesurant la crédibilité accordée aux médias ont touché l'an dernier des plus bas historiques.

La défiance touche en particulier les chaînes de télévision, jugées fiables par seulement 38% des personnes interrogées, un pourcentage en baisse de dix points par rapport à l'an dernier.

Si la radio reste en tête des médias jugés les plus fiables, le niveau de confiance recule de 6 points à 50% tandis que la presse écrite cède 8 points à 44%. Internet reste stable, en étant jugé fiable par un quart des personnes interrogées.

Ce baromètre, réalisé selon la méthode des quotas auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, montre que seulement un quart des sondés jugent les journalistes indépendants du pouvoir et de l'argent.

"Le mouvement des gilets jaunes a eu un effet dévastateur

sur la télévision, qui est à son plus bas niveau historique", explique Carine Marcé, directrice associée à Kantar Public, citée dans le journal.

Depuis plusieurs semaines, les journalistes ont été la cible de violences en marge du mouvement des "Gilets Jaunes" en dépit des mesures de sécurité renforcées prises par certaines rédactions, dont le recours à des agents de sécurité.

Les plus grandes sociétés et associations de journalistes françaises ont protesté il y a quelques jours contre ces violences dans un communiqué commun titré "la presse ne doit pas être un bouc émissaire".

Interrogé sur les critiques et l'animosité de certains manifestants visant les journalistes, une large majorité des personnes interrogées dans le baromètre estiment qu'elles ne sont "pas vraiment" ou "pas du tout" justifiées tandis que 23% d'entre elles les estiment légitimes.

Le traitement médiatique de la crise des "Gilets Jaunes" est par ailleurs jugé insatisfaisant par la moitié des sondés, les principales critiques pointant une dramatisation des événements et un manque de filtre concernant les points de vue extrêmes.

Le baromètre illustre par ailleurs l'existence d'une divergence croissante sur les supports privilégiés pour s'informer, notamment selon le niveau d'éducation. Les sites de presse écrite, les médias en ligne, la radio sont ainsi recherchés par les plus diplômés tandis que les plus agés et les moins diplômés s'informent principalement via la télévision.

Paradoxe: si le petit écran fait les frais de la défiance, il demeure le premier moyen d'information toutes catégories confondues (46%), devant internet, d'après les résultats du baromètre Kantar-La Croix.

(Gwénaëlle Barzic, édité par Arthur Connan)